Samedi 9 avril prochain, les Français seront appelés aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. Plus que jamais, la France semble divisée. Une division qui se ressentira inévitablement dans le vote que les citoyens exprimeront durant ce scrutin. Tous les candidats qui briguent actuellement le poste de président de la République, n’ont pourtant que ce mot à la bouche : rassemblement. Est-ce encore possible ? Comment y parvenir ? Illustration avec une enquête au coeur de Sarcelles.
Sarcelles, ou l'exemple de la mort du vivre ensemble
Pour en parler, André Bercoff donnait mardi 5 avril la parole à Noémie Halioua. Elle est la rédactrice en chef et correspondante à Paris de i24News. Elle est également l’auteur de Les uns contre les autres – Sarcelles, du vivre-ensemble au vivre-séparé. Un livre publié récemment aux éditions du Cerf. Pour cette dernière, c’est indéniable, la France est divisée. Un constat effectué après plusieurs longs mois d’enquête sur le terrain, à Sarcelles, et après y avoir vécu une quinzaine d’années.
"Je n’y étais pas retourné depuis une quinzaine d’années. Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est l’état de délabrement des bâtiments. Des bâtiments construits après la guerre sur des champs de légumes pour pallier à la crise du logement. Ce grand ensemble m’a paru abandonné", explique-t-elle, précisant au sujet de la population qui vit à Sarcelles, qu’à son époque, on arrivait déjà en bout de course de ce qu’elle appelle, la coexistence pacifique.
À l'époque, "On n'était pas dans la peur"
Noémie Halioua a choisi de parler de Sarcelles. Un exemple comme un autre, mais qui selon elle, permettra à "beaucoup de gens de reconnaître leur ville". À l’époque, tous les journaux faisaient la une de ces villes nouvelles, se demandant ce qu’il adviendrait d’elles. On a aujourd’hui la réponse. Des cités construites pour accueillir des populations qui ne peuvent pas se loger en ville, on est arrivé aujourd’hui à des villes qui dépérissent, et qui concentrent tous les maux.
À son époque, précise la journaliste, "les gens ne se mélangent pas, mais ils se côtoient. Quand on peut se parler, il se crée des solidarités avec des gens d’autres communautés. Il existait des gestes concrets de solidarité entre personnes de communautés différentes. On n’était pas dans la peur dans laquelle on se trouve aujourd’hui". Pour Noémie Halioua, à Sarcelles, tout a basculé, et cela pour des raisons différentes.
Une politique pro-communautaire qui a tout fait déraper
De fait, elle cite ainsi plusieurs exemples. "Pour les juifs, c’est avec la seconde intifada". "Les gens ont commencé à être agressés violemment, en masse. Les chiffres ont explosé. Et l’État n’a pas compris tout de suite ce qui se passait". Même chose pour les Français, dits de souche, ceux arrivés dans ces quartiers dans les années 50. "Ce Français de souche apparaît sur la couverture de mon livre, mais en réalité, il n’existe plus à Sarcelles. Il est parti", témoigne Noémie Halioua. Au profit d’une immigration de masse.
Au quotidien, cela donne un environnement invivable. "Je ressens sur place une extrême pauvreté", lance-t-elle sur Sud Radio. Et la journaliste de dénoncer la politique pro-communautaire de la municipalité, et des pouvoirs publics en général. La cause, selon elle, du grand délitement de ces quartiers, qui, à leur construction, symbolisaient pourtant ce qui se faisait de mieux en terme de progrès, durant les 30 glorieuses.
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