Morad El Hattab, auteur de Vladimir Poutine, le nouveau de Gaulle éd. Perspectives Libres, présente son livre dans le Face-à-face avec André Bercoff et rappelle les rapports qu'entretenait la France avec la Russie.
"La France soutenait loyalement la Russie convalescente dans les années 90"
Comparer Vladimir Poutine à Charles de Gaulle ? Morad El Hattab affirme que c'est tout à fait possible. Selon lui, on retrouve chez eux "une volonté très forte de sortir du système monétaire international", que ce soit lorsque de Gaulle refuse l'introduction du dollar en France ou lorsque Poutine participe, avec les BRICS, à la "dédollarisation". "C'est des gens qui sont dans des luttes souveraines." Or, aujourd'hui, le combat pour la souveraineté nationale face aux États-Unis est toujours d'actualité. Un combat qui, pour Morad El Hattab, a ses "agents de l'étranger", notamment Emmanuel Macron. "Il n'a aucune intuition, aucune perspective. Il a vendu l'économie énergétique de la France en vendant Alstom". "Emmanuel Macron a été pris en main par un agent de la CIA qui a formé le couple Obama, amené Hillary Clinton aux élections. Il conseille les grands dirigeants américains, quand il prend Emmanuel Macron en main c'est au même moment qu'Emmanuel Macron vend la souveraineté énergétique de la France."
En plus de sa souveraineté économique, la France a perdu la voix dissonante qui faisait son importance en diplomatie. "Les Américains vont nous appeler les princes des occasions manquées". "La France a été le premier pays à demander une forme de neutralisation de l'Ukraine, on soutenait loyalement la Russie convalescente dans les années 90. Il y a trente ans nous étions le pays le plus en pointe dans la continuité territoriale de l'Atlantique à la Russie." Une position qui n'a guère plus aux États-Unis. "Il leur fallait briser les voies continentales et en l'occurrence la posture de la France face à la Russie". "Les patriotes français en France ont été évincés des postes de décision, les militaires ont été évincés de la DGSE, on avait pratiquement les meilleurs relais mondiaux auprès des ambassadeurs."
"Les accords de 2014 ont servi à donner du temps à l'Ukraine pour se préparer"
Pour les États-Unis, cette mise à mort de la Russie passe par le rapprochement avec l'Ukraine. "On en trouve des traces par un dénommé Georges Soros", milliardaire américain qui, via l'Open Society Foundation, finance des associations qui "forcent le Français à avoir une haine de soi". "Il rêve d'une guerre internationaliste avec du sang ukrainien, il écrit que les Ukrainiens serviront de chair à canon contre la Russie", affirme Morad El Hattab. Les États-Unis ont donc mis la Russie dans une position impossible, notamment avec de nombreuses bases militaires à ses portes. "Si en France, on avait à le vivre, on serait dans une économie de guerre."
Les États-Unis ont donc veillé à ce que la guerre arrive, puis continue, alors qu'elle pourrait déjà être terminée. "Les Russes devaient se retirer, l'Ukraine devenir un État neutre, les régions de l'Est obtenir un statut d'autonomie, cet accord sur la neutralité de l'Ukraine devait être reconnue, Poutine était d'accord." Mais "Boris Johnson va se rendre à Kiev pour dire 'nous voulons la continuité de la guerre'." Une intervention d'autant plus inappropriée que finalement, "on va revenir à ces accords-là". Morad El Hattab ajoute que "les accords de 2014 ont servi à donner du temps à l'Ukraine pour se préparer."
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