Omar Youssef Souleimane raconte qu'en France, des gens l'ont accusé d'être raciste ou d'être récupéré par l’extrême-droite seulement parce qu'il critique l'islam.
Omar Youssef Souleimane : "J’ai commencé à sentir que malgré ma vie cruelle à l’époque, il y avait autre chose qui existait en France "
Comment s'est passé l'apprentissage du français pour Omar Youssef Souleimane ? "La préfecture du 93 m’a inscrit dans un collège. C’était une salle réservée dans un collège pour les débutants en français. J’étudiais avec des collégiens, j’avais le sentiment de revenir comme un ado. C’est ça, la vie d’un réfugié, pour s’intégrer dans sa nouvelle société. J’ai commencé par les lettres, par la construction des phrases… C’était très bien organisé. C’était difficile, mais les choses difficiles nous motivent dans l’exil, d’une manière ou d’une autre. Je voulais m’intégrer, être Français. J’ai commencé à sentir que malgré ma vie cruelle à l’époque, il y avait autre chose qui existait en France : cette grande culture, cette grande République, cette grande histoire… Je voulais faire partie de cette société, de cette grande démocratie française. Et je savais que c’était impossible sans apprendre la langue française. On peut dire que j’ai grandi dans la langue française. J’ai retrouvé ma propre identité, ma nouvelle identité dans cette langue.
Je sortais tout le temps avec des gens qui ne parlent que le français. Je ne comprenais rien de ce qu’ils disaient, mais ça marche quand même pour apprendre la langue. J’adorais cette musique, le charme et la douceur de la langue française, c’est une très belle langue. Je regardais beaucoup les films et séries, ça aide beaucoup. Je regardais Plus belle la vie, une série banale pour les Français, mais pour moi c’était très important pour apprendre."
"Certains traitent l’islam pas comme une religion mais comme une identité"
"Ce discours est pour partie réel. Mais je pense qu’il faut être réaliste et regarder le racisme et la radicalisation dans tous leurs sens. Il y a du racisme de la part de l’extrême-droite, mais il y a aussi du racisme de la part de l’extrême-gauche. Je remarque ces dernières années qu’il y a de moins en moins de tolérance, on s’écoute de moins en moins. Il y a des jeunes qui traitent l’islam pas comme une religion mais comme une identité. C’est très dangereux. Ils me disent que ce n’est pas normal que je ne sois pas musulman. Je suis né dans une famille musulmane, mais je ne suis pas musulman, je suis athée.
Une partie de la gauche française nous accuse d’être racistes parce qu’on critique une religion. On peut se demander où est la liberté d’expression, la République, l’égalité que vous défendez. D’un côté ils défendent les migrants contre le racisme, de l’autre côté ils interdisent une personne comme moi qui critique l’islam seulement parce qu’elle est un migrant. Vous voyez la contradiction ? Ils pratiquent une sorte de racisme. Autre chose qui me choque toujours : j’ai été accusé d’être récupéré par l’extrême-droite seulement parce que j’écris des articles qui critiquent l’islam et l’islamisme en France. Je précise que j’aurais écrit la même chose si j’étais ailleurs. Évidemment, en Syrie j’ai été menacé et abandonné par une bonne partie de ma famille. En France on a perdu beaucoup de choses juste pour gagner la liberté d’expression."
Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !