La parole publique veut-elle encore dire quelque chose ? A-t-elle encore une valeur ? Autant de questions qui jalonnent le dernier essai de l’écrivain François Taillandier, qui livre aujourd’hui des considérations inquiètes sur l’expression publique.
L’expression publique ou la novlangue actuelle
Dans son roman 1984, un certain Georges Orwell avait donné naissance à la novlangue, une expression définissant le langage officiel, le sabir incompréhensible des élites. Aujourd’hui, qu’en est-il ? Les mots prononcés par ceux qui nous gouvernent veulent-ils encore dire quelque chose ? Ont-ils encore un sens ? Pour l’écrivain François Taillandier, qui livre un essai intitulé La Parole altérée, aux éditions de l’Observatoire, il y a des raisons de s’inquiéter sur l’avenir de l’expression publique.
Pour ce dernier, la langue de bois n’existe plus. On vit aujourd’hui sous le règne de la langue d’inox. "On nous parle des solidarités, des proximités, de réinventer la solidarité. C’est toujours très lisse, que cela vienne de la droite ou de la gauche. Cela ne veut plus rien dire du tout. Nous baignons dans ce langage-là", explique-t-il sur Sud Radio, ajoutant que nous vivons également parmi d’autres langages, "qui s’imposent, qui sont mis en circulation, et pour lesquels on ne prend pas le temps d’examiner".
François Taillandier : "Les mots ont un sens"
Pour François Taillandier, "les mots ont un sens et on ne peut pas tout prendre pour argent comptant". L’écrivain rappelle qu’il est important de "faire attention à ce que l’on accepte d’entendre". "Le langage est devenu un espèce de bouillon qui passe tout seul. La parole politique est pourtant quelque chose de grave. Cet espèce de dérèglement général finit donc par être problématique", ajoute François Taillandier.
"C’est un laisser-aller. Les mots ne sont pas faits pour dire n’importe quoi. Nous avons une culture qui a été construite par des gens. Ils ont essayé de constituer une langue", lance François Taillandier, qui en appelle à la responsabilité du public. "La parole politique doit être un peu plus sérieuse. C’est effrayant", conclut celui qui n’a pas cessé de chipoter sur les mots. "Mais c’est mon boulot", reconnaît-il.
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