On parle tous les jours dans les médias de croissance. Mais qu’est-ce que la croissance si elle n’est pas financée ? Aujourd’hui, cette dernière est financée par la dette. Essentiellement. Retour sur 50 ans d’économie folle, avec Raphaël Rossello, banquier d’affaires pour PME.
"Nous devrions être en récession"
En matière d’économie, on se fait balader depuis 50 ans. Et il faut du courage pour en parler, mieux, pour l’écrire. "J’en ai les cicatrices. Il faut avoir été un soldat au service de l’économie réelle pour vivre et raconter ce que je dis", explique Raphaël Rossello, banquier d’affaires pour PME, et auteur de Demain aux éditions Mareuil. Invité sur Sud Radio, il explique que ces cinquante dernières années, "on a banalisé le terme de croissance à crédit". "Ce mot est devenu le mot repère dans le monde de l’investissement".
Ce banquier d’affaires s’est ainsi posé une question : "Que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu le crédit pour cette croissance ?" "Question con mais tout de même intéressante : comment faire si on ne finançait pas cette croissance", explique-t-il. Et de fait le calcul de la croissance, injectée de dette, ne serait plus le même, si l’on soustrait ce qui est négatif. "Si l’on soustrait le déficit en pourcentage du PIB de la croissance, horreur, on s’aperçoit que des pays comme la France auraient été en récession depuis 50 ans", précise Raphaël Rossello sur Sud Radio.
Pas de dette, pas de croissance
Cette situation est celle de la France depuis 50 ans. "On a laissé faire. Citoyens, élus, hommes d’affaire, on s’est dit qu’après le choc pétrolier, en mettant un peu de dette, on soutiendrait la croissance. Or, il n’y a pas de démocratie sans prospérité. Et donc la prospérité que nous avons connu de la Révolution industrielle jusqu’à la fin des 30 glorieuses a été autonome, vertueuse, bio. Et le mot de croissance n’existait pas !", rappelle Raphaël Rossello.
Pour ce dernier, on a donc sacralisé un mot au moment où il commençait son déclin. "On nous a vendus, j’ai vendu, le fait que sans croissance, on n’intéresse personne. Pour cacher le fait que sans endettement croissant, nous aurions été en récession, on a réparti l’endettement entre la dette publique, la dette privée et la dette financière de façon à créer des bulles sur la valeur des actifs, qui ont donné l’illusion que nous étions toujours dans ce processus de croissance et de prospérité", conclut-il.
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