Comme l’explique Pascal Perri, aujourd’hui, les candidats s’intéressent avant tout à ce qu’ils peuvent obtenir en tant qu’avantages, ils sont dans la posture où ce sont eux qui choisissent leur futur employeur.
Pascal Perri : "Les heures de travail du salarié sont la propriété du patron"
"Autant le travail a structuré la vie de nos parents et grands-parents au 20ème siècle, autant on a l’impression qu’on a affaire aujourd’hui à des gens pour qui le travail est relativement accessoire. C’est loin d’être une urgence, c’est loin d’être la priorité. Le rapport de forces s’est inversé : il n’y a pas assez de candidats au travail, donc le candidat arrive, et c’est le patron qui passe le grand oral : 'y a-t-il un comité d’entreprise ? Y a-t-il des tickets restaurant ?'. Souvent, les questions sur le contenu de la mission arrivent longtemps après. C’est : 'je veux savoir si le poids de la contrainte que vous m’imposez est acceptable pour moi'.
"Génération Farniente" : "Au XXIe siècle, on organise sa vie autour de sa vie privée ! Le rapport de force s'est inversé : le candidat arrive et c'est le patron qui passe le grand oral !", explique @pascalperri pic.twitter.com/ejEv12KH7D
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Il n’en reste pas moins que les salariés ne sont pas la propriété de leur patron… "Dans le livre, j’explique un malentendu qui persiste depuis longtemps en France : le salarié n’est pas la propriété du patron. En revanche, les heures de travail du salarié sont la propriété du patron puisqu’il les rémunère. Le contrat de travail est un contrat de subordination."
"On a importé dans l’entreprise le modèle monarchique"
Selon Pascal Perri, l’obéissance au travail, ça ne marche pas en France. "Nous avons en France un management, une direction d’entreprise qui est très verticale. On a importé dans l’entreprise le modèle monarchique. On n’est plus dans un monde d’obéissance parfaite. La civilisation de l’obéissance, c’est la civilisation de l’Asie. Autrefois, le rapport de forces était plutôt favorable au patron, c’était la formule célèbre : 'Ton boulot ne te plaît pas ? C’est pas grave, tu peux t’en aller, j’en ai 15 qui attendent'. Aujourd’hui, le rapport de forces est complètement inversé : on fait tout pour garder les gens qui sont là et qui sont à l’heure pour travailler. Cela va impliquer des relations plus horizontales dans l’entreprise : pas nécessairement fondées sur l’obéissance, sur la discipline, mais sur le partage."
.@pascalperri : "Aujourd'hui, une partie de la gauche considère que le travail est plus une malédiction qu'une émancipation ! Qui peut légitimement prétendre que le travail tue ? C'est l'inactivité et l'ennui qui tuent !" pic.twitter.com/ZTvviru02K
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"C’est la quantité de travail qui produit la protection sociale"
Pour Pascal Perri, la gauche a tort de réclamer la protection sociale tout en appelant à la décroissance. "S’il y a encore un héritage marxiste en France, c’est que la IIIème République rate complètement les grandes réformes économiques et sociales. Aujourd’hui, une partie de la gauche est authentiquement décroissante, elle considère que le travail est plus une malédiction qu’une émancipation. Ils suggèrent qu’il faut arrêter le processus de production. Or, dans notre société, c’est la quantité de travail qui produit la protection sociale. C’est ce qu’ont voulu la gauche et la droite au lendemain de la guerre de 1945. Les 230 milliards de dépenses de santé chaque année, comment les finance-t-on, si ce n’est par le travail ? C’est un modèle auquel la gauche doit être attachée : c’est un modèle dans lequel les salariés produisent leurs propres droits. Ils ne dépendent pas de la charité de l’État ni du patron, on est sortis du 19ème siècle, au 20ème siècle on entre dans l’ère de l’assurance. Il faut continuer de travailler."
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