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Patrick Buisson : "Le coût social de la relation sexuelle s’est effondré"

Par Jean Baptiste Giraud

Patrick Buisson, essayiste et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 11 mai 2023 sur Sud Radio.

Patrick Buisson
Patrick Buisson, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Patrick Buisson est l'auteur de "Décadanse" (Éditions Albin Michel).

 

Patrick Buisson : "On nous a présenté la révolution sexuelle comme une grande évolution"

Selon Patrick Buisson, avec l’avènement du consumérisme dans l’après-guerre, l’homme a été réduit à ce qu’il y a de plus impersonnel. "L’homme était un être avec des rituels sacrés. Et on l’a réduit à ce qu’il y a de plus impersonnel, l’achat de marchandises. Qu’est-ce qu’il y a de plus impersonnel que l’achat de marchandises ? Ou bien la sexualité. La sexualité est quelque chose d’impersonnel. Depuis des millénaires, on n’a rien inventé : il y a 69 positions, quelques perversions répertoriées et cataloguées…. c’est un acte impersonnel. Sous prétexte d’individualisation, on réduit l’homme à une uniformisation des comportements. Cette révolution sexuelle, concomitante à l’essor du consumérisme, on nous l’a présentée comme une grande évolution. Comme si on avait attendu les années 1970 pour faire l’amour. La France était le pays qui avait le taux de fécondité le plus bas au 19ème siècle. Les Français n’avaient pas besoin d’attendre l’avènement de la contraception chimique pour faire l’amour."

"L’accès régulier, permanent au corps de la femme devait passer par le mariage"

Pour Patrick Buisson, la révolution sexuelle n’a pas du tout été un progrès. "Avec la révolution sexuelle, on a réalisé l’avènement de la phallocratie. La phallocratie, c’est 'pas d’enfants, pas de mariage, l’accouplement mais pas la mise en couple, la consommation du corps féminin mais pas son entretien sentimental et encore moins financier'. Tout cela s’est donc fait au détriment des femmes. Alors qu’on avait voulu nous faire croire qu’elles étaient les grandes gagnantes de cette opération.

On a voulu aligner la sexualité féminine sur la sexualité masculine. On est moins romantiques, moins fleur bleue… Simone de Beauvoir reprochait d’ailleurs aux hommes de s’aligner sur les femmes via des sentiments. Le premier magazine vendu en France dans les années 1960, c’était Nous deux. 15 millions de lectrices ! Tout le monde lisait Nous deux, de la petite bonne à la bourgeoise chez le coiffeur. Tout le monde rêvait d’un prince charmant. Et soudain, on nous explique que le bonheur est dans la consommation frénétique de partenaires. Toutes n’étaient pas forcément d’accord. Le résultat, c’est qu’il y a une explosion des marchés sexuels, de l’offre sexuelle, avec la pilule bien entendu, puisqu’on dissociait la fonction érotique de la fonction reproductive.

Le coût social de la relation sexuelle s’est effondré. Pendant des millénaires, la monnaie d’échange des femmes, c’était l’accès à leur corps. Pendant longtemps, l’accès régulier, permanent au corps de la femme devait passer par le mariage. Mais tout cela a changé avec la révolution sexuelle."

"Dans l’histoire se succèdent les cycles de grande liberté sexuelle avec les répliques féministes"

Comme l’explique Patrick Buisson, l’histoire constitue une succession de périodes de libéralisation sexuelle et de comportement vertueux. "Dans l’histoire, se succèdent les cycles de grande liberté sexuelle avec les répliques féministes. Le christianisme, porté par les femmes, a été une réponse aux débauches de l’Empire romain. Au Moyen Âge, à la grande liberté rablaisienne, a répondu le roman courtois. Aux débauches de la cour de France ont répondu les Précieuses, dont Molière se moque avec les Précieuses ridicules. Après la vertu révolutionnaire de Robespierre, qui est habité par une misogynie dont on ne parle jamais, il y a eu le Directoire, une période de compensation, de décompression. Le féminisme est parti d’une idée simple : on ne veut pas d’une emprise de l’État sur les corps. Que ce soit le corps masculin (le service militaire) ou le corps féminin (le devoir de maternité)."

 

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Retrouvez “Le face à face” d'André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "André Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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