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Patrick Vignal : "Emmanuel Macron a manqué de faire une osmose avec les Français"

Par Jean-Baptiste Giraud

Le macronisme est-il mort ? Pour en parler, Bruno Millienne, ancien député Modem, et Patrick Vignal, ancien député Renaissance, étaient les invités de Philippe David sur Sud Radio, vendredi 12 juillet 2024.

Bruno Millienne et Patrick Vignal
Bruno Millienne et Patrick Vignal, invités de Philippe David sur Sud Radio.

Qu'est-ce qui a précipité la fin du macronisme, qu'est-ce qui a fait que ça n'a pas marché ? Tentative de réponse avec Patrick Vignal et Bruno Millienne.

Bruno Millienne : "C'est impressionnant de voir un homme capable de répondre à toutes les questions sans aucune fiche"

Emmanuel Macron, quel personnage est-il ? "C'est difficile à définir. Je pense que c'est un esprit excessivement brillant, qui voit les choses, qui sent les choses. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai ressenti. Il n'y a qu'à voir pour ceux qui ont assisté au fameux Grand débat du président. Moi j'assiste à celui d'Évry : cinq heures ! C'est impressionnant de voir un homme capable de répondre à toutes les questions qu'on lui pose sans aucune fiche. Il impressionne, il est brillant. Est-ce que le fait d'être aussi intelligent, aussi brillant n'a pas, justement, le mauvais côté de la facette aussi ? C'est-à-dire qu'il n'arrive pas à avoir en face de lui des gens à sa hauteur, et finalement il décide tout seul. C'est peut-être une des réponses qu'on pourrait avoir", a déclaré Bruno Millienne.

"Oui, je partage l'analyse de Bruno. Quand il est venu chez moi, il avait un regard perçant. Quand il nous parlait, on avait l'impression qu'on était la personne la plus importante pour lui.

Mais il va très, très vite, il va trop vite. Il avait un entourage trop de technos. Il y a manqué de gens d'humilité, de chair, de gens de territoires, des élus locaux. On a un président qui va trop vite, qui peut-être anticipe trop et qui, surtout, ne prend pas le temps. C'est le cas de la réforme des retraites. Moi, j'avais échangé avec lui, j'avais dit : ‘c'est explosif’. Les Français ne veulent pas obéir, ils veulent adhérer. Et en fait, il est allé peut-être trop vite dans ce mandat. Il faut qu'il prenne un petit peu le temps de faire confiance aux gens", a répondu à cette même question Patrick Vignal.

Patrick Vignal : "Emmanuel Macron a eu du mal à se reposer sur les corps intermédiaires et sur les élus locaux"

Quand vous êtes réélu en 2022, comment voyez-vous les priorités du nouveau gouvernement ? "J’ai dit au président : ‘On manque d'ancrage local, il faut créer un ministère de l'Action territoriale et un bureau des solutions. On ne gagnera pas uniquement avec l'économie, la baisse du chômage. On gagnera avec des ancrages, on gagnera quand les gens ne diront pas ‘c'est leur, c'est leur vie, c'est pas la nôtre’'. Il ne fallait peut-être pas mettre des ministres technos. Quand vous avez quelqu'un comme Éric-Dupont Moretti… c'est un homme, on peut aimer ou pas. Mais c'est un homme de conviction, de chair. Et je pense qu'on a manqué de maillons. On a eu des ministres tellement technos qu'on ne comprenait pas ce qu'ils disaient. Donc, on a manqué cette proximité. On a manqué de faire une osmose avec les Français. Et pourtant, Emmanuel Macron, j'ai fait ces débats avec lui, il n'a pas besoin de fiche. Il comprend comment ça fonctionne. Mais je pense qu’il a eu du mal à se reposer sur les corps intermédiaires et sur les élus locaux. C'est l'erreur qu'on a faite. On n'a pas parlé aux maires, on n'a pas parlé aux présidents des départements, on n'a pas parlé aux présidents de région. Il fallait qu'on fasse de la politique, et en fait on a fait de la techno. Et la techno, ça ne marche pas. Il n’y a jamais de bonnes politiques qui sont des technos, parce que c'est deux métiers différents", a répondu Patrick Vignal.

"Vous ne construisez pas un parti politique sans être enraciné localement"

Pourquoi En Marche et Renaissance ont-ils été un échec ? "En Marche, qui est devenu Renaissance après, c'est un conglomérat de gens qui viennent de différents horizons, dont certains n'avaient pas fait de politique. Vous ne construisez pas un parti politique sans être enraciné localement. Pourquoi le Modem est encore debout après tant d'années, alors qu'il en a traversé, des tempêtes ? C'est parce que localement on est implantés, parce qu’on a une histoire, on a un ADN, on a des valeurs qu'on a portées et qu'on a défendues depuis plus de cent ans maintenant. Ça ne se fait pas en sept ans. Donc, oui désolé le parti Renaissance… pour moi, ça va être compliqué en 2027 de continuer", a répondu Bruno Millienne.

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