Selon Philippe Asso, c'est la négociation, les compromis, la diplomatie qui peuvent amener la paix entre Gaza et Israël, pas la violence.
Philippe Asso : "On ne peut pas comprendre cet événement sans ce qui s'est passé en 1948"
Quelle est la réaction de Philippe Asso à la guerre entre Gaza et Israël, qui a commencé le 7 octobre 2023 ? "On ne peut pas comprendre la situation actuelle sans un minimum de regard sur l'histoire. Parce que c'est un conflit géopolitique. Il est malheureusement et dramatiquement sur le long terme. Tout d'abord, il convient tout de même de condamner avec fermeté une atteinte territoriale contre des populations civiles, au mépris du droit international et des droits humains. Il faut être clair là-dessus tout de même. Mais on ne peut pas comprendre cet événement sans ce qui s'est passé en 1948, où, en application de la résolution 181 des Nations unies, a été créé un État hébreu, l'État d'Israël. Aurait dû voir le jour un État palestinien. Et la Ligue arabe, c'est-à-dire sept pays limitrophes et au-delà, ont déclaré immédiatement la guerre le 15 mai 1948 à l'État d'Israël et ont persuadé les Palestiniens qu'ils n'auraient pas de souci à se faire, que l'État d'Israël ne verrait jamais le jour, et ont favorisé leur exil, puisque les Palestiniens étaient méprisés. Les États arabes, certains auraient perdu des territoires s'il y avait eu un État palestinien. Ce n'est que plus tard, grâce notamment à l'action de Yasser Arafat, qui a pris la main grâce au Front de libération de la Palestine sur l'OLP, que la cause palestinienne est devenue un drapeau pour le monde arabe. Mais c'est tardif.
Évidemment, aujourd'hui, nous avons ce clivage entre sunnites et chiites, entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, entre l'Iran et l'Arabie saoudite… c'est éminemment complexe. Mais cette complexité ne nous empêche pas de dire : ‘un drame se joue là, maintenant’. Des femmes, des enfants, des civils sont otages, des militaires aussi."
"Aucune guerre n'a engendré des situations de stabilité"
Le pape François a toujours prôné le dialogue et la paix dans ce conflit. "Je suis avec tristesse ce qui se passe en Israël. Que les attaques et les armes cessent, s'il vous plaît et que l'on comprenne que le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution. La guerre est une défaite", a réagi le pape François. Est-ce ce que Philippe Asso attendait du souverain pontife ? "Je pense que la réaction du Saint Siège qui, dans sa diplomatie depuis toujours est favorable à l'instauration de deux États indépendants (un État hébreu et un État palestinien), est la bonne parce que c'est aussi une position religieuse. Mais elle est efficace diplomatiquement parce qu’aucune guerre n'a engendré des situations de stabilité. C'est la négociation, ce sont les compromis, c'est la diplomatie qui amène la paix, il faut se parler. Et malheureusement, ça a échoué : les accords d'Oslo, les accords de Camp David… C'est dramatique", a répondu Philippe Asso.
Est-ce un conflit qui ne pourra jamais se terminer? "Jamais, je ne sais pas, j'espère que non. Je pense qu'il y a de bonnes volontés à l'œuvre, mais que pour l'instant, elles ne sont pas assez puissantes sur le terrain géopolitique par rapport à des intérêts géopolitiques majeurs. Je pense évidemment à l'Iran, je pense à l'Arabie saoudite, je pense à Israël... Encore une fois, la voie de la paix est-elle suffisamment puissante par rapport à la puissance des puissants ?", s’est interrogé Philippe Asso.
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