Comme l'explique Philippe Herlin, la flambée actuelle des prix de l'électricité est due à des raisons profondes, qui étaient là avant la guerre russo-ukrainienne.
Philippe Herlin : "On sait qu’on rentre dans une période de l’énergie chère"
"Il faut avoir en tête que le bouclier tarifaire concerne les particuliers uniquement. Pas les entreprises. Les hausses de prix sur le marché de gros sont difficiles à absorber. Cela oblige donc les entreprises à faire du chômage partiel et utiliser leurs contrats actuels pour augmenter les stocks en espérant que le prix se remette à baisser plus tard pour pouvoir renégocier un accord qui serait moins défavorable aujourd’hui.
On sait qu’on rentre dans une période de l’énergie chère. Il y a la guerre Russie-Ukraine, mais il y a aussi des raisons plus profondes. L’inflation était là avant la guerre en Ukraine, et elle va rester élevée. La planche à billets de la BCE a explosé durant le Covid. Ensuite, il y a la transition énergétique, qui coûte très cher. Les éoliennes coûtent très cher, il faut les subventionner, ça augmente donc structurellement la facture. Et puis, il y a le marché européen et le fait que le prix de l’électricité est indexé sur le gaz", a expliqué Philippe Herlin.
"Nos capacités de production sont limitées par rapport à la demande existante"
Pourquoi ça augmente autant ? "Depuis des années, sous l’influence de politiques écologiques, les États ont incité les grandes entreprises pétrolières et gazières à diminuer la recherche et la mise en exploitation de nouveaux gisements. Cela fait que nos capacités de production sont limitées par rapport à la demande existante. Et quand il y a quelque chose comme la guerre en Ukraine et qu’on décide de mettre en place un embargo, une sorte d’auto-blocus (ce qui est complètement aberrant), on a beaucoup de difficultés à trouver du gaz ailleurs", a déclaré Philippe Herlin.
Selon Philippe Herlin, cette crise énergétique n’avait pas été anticipée car les prévisions avaient été faites dans et pour une conjoncture complètement différente. "La prévisibilité avait été faite il y a plusieurs décennies, quand la France décidait de lancer son programme électronucléaire. À l’époque, on avait le sens de la prévision, et on avait la chance de bénéficier d’une électricité bon marché. On n’aurait jamais dû accepter le système de marché européen qui oblige encore aujourd’hui que le prix de l’électricité soit fixé sur celui du gaz. On a fait ça pour faire plaisir aux Allemands, pour pas qu’on ait un avantage trop important sur eux. On s’est fait avoir."
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