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Sarah Knafo : "La bureaucratie, c'est le contraire du service public"

Par Jean-Baptiste Giraud

Comment cela fait-il que la France dépense énormément d'argent dans l'aide publique au développement et dans la fonction publique ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le jeudi 12 décembre 2024 avec Sarah Knafo, députée européenne Reconquête.

Sarah Knafo
Sarah Knafo, invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

La France dépense énormément d’argent dans l’aide publique au développement. Comment est-ce possible ?

Sarah Knafo : "On donne de l'argent pour aller former du personnel soignant aux Comores, alors qu'on en manque chez nous"

"Il y a deux sortes de personnes. Il y a ceux qui ne travaillent pas, et donc qui ne le savent pas, qui ne vont pas le chercher. Et il y a ceux qui n’ont pas intérêt à ce que vous le sachiez. Il y a ceux qui savent et qui vous le disent pas. Bruno Le Maire, il savait pertinemment les milliards d'euros qu'on dépensait dans l'aide publique au développement. Moi, quand je donne ce chiffre, j'essaie de le mettre en perspective. Quand on dit 15 milliards, c'est tellement colossal qu'on dit : ‘C'est combien de zéros ?’. 15 milliards, c'est neuf zéros, ça fait beaucoup quand même. Avec 15 milliards d'euros, on pourrait s'acheter 10 millions d'iPhone dernier cri. Un iPhone dernier cri, c'est 1.500 euros. Quand vous imaginez ce que c'est comme masse d'argent…", a déclaré Sarah Knafo.

"Et moi, ce que je dis, c’est : comment est-ce qu'on peut donner de l'argent au Mozambique alors que chez nous, on en est à faire des appels aux dons pour financer des scanners ? Comment on peut imaginer aider la Chine… c'était quand même des montants de l'ordre de 120 millions d'euros par an… alors que chez nous on a des dizaines de milliers de SDF dans les rues. Je voyais un autre phénomène qui m'interpellait encore sur l'aide publique au développement. Je vois que par exemple, avec les Comores, on donne de l'argent pour aller former du personnel soignant chez eux, alors qu'on en manque chez nous. On forme des magistrats en Afrique alors qu'on en manque chez nous. Il y a un côté perte de sens commun. On fait comme si on roulait sur l'or, comme si on était Crésus et qu’on pouvait donner notre argent comme ça au monde entier, alors qu'on sait très bien que ce n'est plus le cas. On sait très bien que la France s'appauvrit, que les Français s'appauvrissent, que notre État gaspille notre argent dans le monde entier, au lieu de régler tous les problèmes gravissimes qu'on a chez nous. Et ce qu'il y a d'aberrant, c'est quand on voit par exemple que la France, qui est endettée de 3 200 milliards d'euros… et c'est trois fois la dette de tout le continent africain", a poursuivi Sarah Knafo.

"On est dans un système où on étouffe de la bureaucratie"

Il y a aussi trop de fonctionnaires en France, et, pareil, cet état des choses perdure… "Certains n'ont pas envie de le dire, et certains assument. Il y a des gens qui vous défendront ça. Et ce qu'ils diront, c'est : ‘la France doit être généreuse, la France est grande quand elle est généreuse’ ,etc. Mais alors, il y a un problème : moi, je suis très généreuse dans la vie, je n'ai aucun problème avec la générosité, c'est une valeur qui me parle, j'aime beaucoup cette qualité chez les gens. Mais l'État, il est généreux avec votre argent. Il prend de l'argent dans la poche des gens et il va le donner au Mozambique. Et ça, c'est inacceptable. Il y a peut-être quelques personnes en France qui ont envie d'aller donner de l'argent au Mozambique. Qu’ils le fassent ! Mais qu'ils n'aillent pas spolier les gens et leur prendre leur argent.

La plus grande démagogie, c'est de refuser de couper dans les dépenses. Parce qu'en réalité, les politiciens, comment est-ce qu'ils pensent? Il y a 5,7 millions de fonctionnaires. On va quand même pas les brusquer. On va quand même pas dire qu'il y a trop de fonctionnaires. S'ils réfléchissaient un tout petit peu et qu'ils y travaillaient, ils sauraient que même les fonctionnaires trouvent qu'il y a trop de fonctionnaires. Il y a eu un sondage en 2021 où on interrogeait tous les Français. Une majorité de Français estimaient qu'il y avait trop de fonctionnaires. Et on demandait ça aussi aux fonctionnaires, et les fonctionnaires disaient : ‘Bien sûr qu'il y a trop de fonctionnaires’. J'étais dans la haute fonction publique, j'étais magistrate à la Cour des comptes. Je ne connais pas un fonctionnaire qui peut vous dire les yeux dans les yeux, qu’il n’y a pas trop de fonctionnaires. On est tous au courant. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas les hommes, les individus qui sont le problème. Le problème, c'est le système. C'est-à-dire qu'on est dans un système où on étouffe de la bureaucratie. Et la bureaucratie, c'est le contraire du service public. Le service public, c'est rendre quelque chose à un usager, aux Français. Alors que la bureaucratie, c'est le bureau A qui va donner du travail au bureau B, qui va donner du travail au bureau C. Ça s'appelle les formulaires, ça s'appelle la paperasse, ça s'appelle les normes étouffantes. Et puis, à la fin, aucun fonctionnaire ne s'y retrouve. Parce que quand quelqu'un s'engage dans la fonction publique, à la base, historiquement, en France, c'était par sens de l'intérêt général, c'est pour rendre service aux gens. Et quand, au bout de décennies de carrière, ils s'aperçoivent que finalement ils ont passé leur temps dans un bureau à remplir des dossiers, à remplir des documents, à tamponner des feuilles… Au final, ils ne s’y retrouvent pas, ce n’était pas le sens de leur métier", a commenté Sarah Knafo.

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