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Sergueï Kolessnikow : "Les BRICS ne pouvaient peser lourd ni au FMI, ni à la Banque mondiale"

Par Jean-Baptiste Giraud

Quelle est la raison d'être des BRICS ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le lundi 16 septembre 2024 avec Sergueï Kolessnikow, professeur agrégé d’économie et auteur de Les BRICS nouveaux maîtres du monde ? (Éditions RIC).

Sergueï Kolessnikow
Sergueï Kolessnikow, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Quel était l'objectif de la création du bloc des BRICS ?

Sergueï Kolessnikow : "Les BRICS voulaient non pas éjecter l’Occident, mais se mettre à l’abri"

Tout d’abord, en guise de rappel, quels pays font partie des BRICS ? "À l’origine, en 2009, il y avait le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Puis, à l’invitation de la Chine, est arrivée l’Afrique du Sud. Et puis, cette année, en 2024, sont entrés l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Arabie saoudite. Et puis il y a une dizaine de pays qui font antichambre pour y entrer. En tout, il y a plusieurs dizaines de candidats", a fait savoir Sergueï Kolessnikow.

Le groupe des BRICS a vu le jour à une période particulière de l’histoire… "En effet, c’était en 2009, ça a suivi 2008, la crise des subprimes. Les BRICS ont voulu se mettre à l’abri du chaos généré par le capitalisme mondial où on ne leur donnait pas leur place. Puisque ni au FMI, ni à la Banque mondiale ils ne pouvaient peser lourd. Ils étaient obligés de subir la loi de l’étalon dollar. Et finalement, les décisions en termes de libre-échange ou de protectionnisme étaient émises à leur encontre par les puissances dominantes, l’Occident. Donc, ils ont voulu un petit peu… pas comme on le présente aujourd’hui, non pas éjecter l’Occident, ce n’est pas du tout ça… C’est au contraire se mettre à l’abri."

"Nous, de notre côté, on était très intéressés à faire rentrer la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce"

Comme l’explique Sergueï Kolessnikow, pour les pays occidentaux, l’adhésion de la Chine aux BRICS était un parti gagnant-gagnant. "Les BRICS, ça aurait pu être les NPI de la fin du 20ème siècle, les Nouveaux Pays Industriels, qui sont entrés à partir de 1980, comme les dragons asiatiques. Et à l'époque des dragons asiatiques, on pensait qu’enfin, le tiers-monde commençait à se développer et venait suivre la grande marche des étapes de la croissance initiée par l'Amérique. Au niveau des BRICS, la Chine s'est désengagée de l'emprise de Mao Zedong et qu'elle a commencé à regarder de près sa croissance avec Den Xiaoping, qui disait : ‘peu importe que le chat soit blanc ou noir, ce qui est essentiel, c'est qu'il attrape les souris’. Bref, capitalisme ou socialisme, pourvu que ça marche.

Alors, nous, de notre côté, on était très intéressés à faire rentrer la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). D'une part, on avait besoin d'un gigantesque marché. On était déjà dans une crise qui ne s'est jamais terminée depuis l'époque de la crise du pétrole. Nous, les économistes, on appelle ça ‘la crise du fordisme’. Mais pour les économistes libéraux, la notion de crise est intellectuellement impensable. La crise, ça n'existe pas. Donc, la Chine, pour nous, c'était un sauvetage. C'était un pari gagnant-gagnant. Et on allait en plus pouvoir transformer la méchante Chine communiste en bonne Chine libérale qui allait reprendre le chemin de l’Amérique. Donc, c’était parfait."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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