"Il y a la question ukrainienne, qui est au cœur de cette différence de position, où Donald Trump voudrait arriver à une paix rapide. Et on a l'impression que les responsables européens, eux, veulent continuer la guerre à tout prix parce que c'est leur seule raison de vivre", a estimé Alexis Poulain. "On ne comprend plus vraiment pourquoi vouloir continuer quand un des premiers financeurs de cette guerre, les États-Unis, veulent se désengager."
Thibault Gibelin : "Cette guerre a été initiée par des intérêts américains pour séparer l'Europe de la Russie"
"On assiste à un canard sans tête qui est en train de tourner sur lui-même puisque, en effet, cette guerre a été initiée par et pour des intérêts américains pour séparer l'Europe en tant que puissant marché et industrie de premier plan de la Russie, qui, elle, a les ressources énergétiques immenses, et qui est notre continuité continentale. Cette guerre perd tout son objet dès lors que les États-Unis sortent du jeu", lui a répondu Thibault Gibelin.
Thibault Gibelin estime que depuis que cette guerre a commencé, on a donné énormément de voix aux États baltes et à la Pologne dans le concert européen. "Je recommande le visionnage de cette allocution de Jeffrey Sachs [économiste et analyste des politiques publiques américain, professeur à l'Université de Columbia] où il insiste sur le fait que l'Europe et les États-Unis ont tout à faire ensemble dans la longue durée, et que dans mille ans, il y aura toujours un voisinage euro-russe. Là où il y a une explication un petit peu plus rationnelle, c'est qu'on a donné énormément de voix aux Baltes et aux Polonais dans le concert européen à la faveur de cette crise ukrainienne. Eux ont un trauma historique vis-à-vis des Russes. Mais ils ne peuvent pas s'accaparer le discours européen, eux qui constituent 7% de la population de l'UE."
"L’Europe est l'otage d'une cohorte de fonctionnaires"
Thibault Gibelin estime que l’Union européenne est une manière de maintenir le protectorat américain sur l'Europe. "Simplement, il faut distinguer deux choses. C'est comment l'UE a été conçue initialement. Et en effet, c'est quand même une manière de maintenir, de structurer le protectorat américain sur l'Europe. Mais il y a aussi ce que l'Europe est devenue. Et il est évident que, quand on négocie des accords commerciaux en tant que bloc de 450 millions de personnes, on pèse face aux États-Unis. Alors que si on fait des accords bilatéraux de nations européennes séparées face aux États-Unis, chaque nation se fera briser séparément. Et de ce point de vue, le cadre unitaire européen est évidemment un atout. Et les États-Unis aimeraient bien s'en défaire."
"Donc, il y a deux éléments. Il y a la question de comment l'Europe a commencé, et puis de ce qu'elle est devenue. Et en effet, elle est évidemment un outil de puissance. Simplement, il n'est pas utilisé pour les Européens et il est maintenant l'otage d'une cohorte de fonctionnaires qui sont dans le statu quo, qui sont dans l'irénisme, et donc qui sont incapables de proposer et d'initier un leadership politique. Ce leadership politique, il ne peut venir que du Conseil de l'UE, qui représente les gouvernements des États membres", a poursuivi Thibault Gibelin.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’Alexis Poulin dans son intégralité en podcast.
Retrouvez l’invité d’Alexis Poulin chaque vendredi à 13h dans “Poulin sans réserve” sur Sud Radio
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !