Alors que les agriculteurs convergent vers Paris, faisons le point sur leurs revendications.
Véronique le Floch : "D'ici 2030, nous n'aurons plus en France que 150.000 exploitations"
Qu’est-ce qui ne va pas dans le domaine de l’agriculture dans notre pays ? "S’il n’y a pas un tournant de l’agriculture française, alors elle va droit dans le mur. Nous sommes avec un modèle dont le bilan des 30 dernières années est catastrophique. Rien que les dix dernières années, cent exploitations en moins, un million de vaches en moins, des jeunes qui s'installent de moins en moins nombreux, qu'on peine à recruter… Et avec le ressenti et le moral qu'ont les agriculteurs dans les campagnes, comment voulez-vous les attirer ? Donc, on oppose deux modèles : celui de la FNSEA, celui qui serait le modèle dans lequel on pourrait continuer à s'inscrire. Qui fera que, d'ici 2030, nous n'aurons plus en France que 150.000 exploitations. Un modèle basé sur des fermes industrielles, à vocation exportatrice, avec la finance au capital des exploitations… donc un asservissement total", a déclaré Véronique le Floch.
"On nous a mis dans un couloir de contention"
Alors, que défend la Coordination rurale ? "Le modèle de la Coordination rurale défend des fermes viables, vivables, transmissibles, celui qui cultive l'indépendance pour récolter la liberté, celui qui refuse la finance dans nos exploitations, celui qui refuse ces aides permanentes… Mais maintenant, on fait comment ? On nous a mis dans un couloir de contention. Et là, les agriculteurs me comprennent : quand vous êtes dans un couloir de contention, c'est parce que vous êtes proche du tri. On garde les bons et on évacue les moins bons. Donc nous, à la Coordination rurale, on veut stopper cette hémorragie. On veut que les politiques se réveillent. Avec l'inondation de la France avec des produits qui ne correspondent pas à nos normes, on est en train de remplir les assiettes de nos consommateurs qui deviennent des poubelles", a déclaré Véronique le Floch.
"Il faut sortir l'agriculture des accords de l'OMC"
Que convient-il donc de faire, selon la Coordination rurale ? "Il faut que tous les agriculteurs de France nous entendent. Parce que si la Coordination rurale devient majoritaire, alors on change de modèle. On n'est plus sur un modèle inscrit dans l'agriculture mondialisée - on opte pour une agriculture française et européenne, avec la préférence communautaire. On sort l'agriculture des accords de l'OMC, pour ne plus faire en sorte que nous importions des produits qui ne respectent pas nos normes, qui font que l'Europe se retrouve avec des excédents, ce qui fait que nos prix baissent sur le territoire. Et nos excédents, nous devons les exporter et faire du dumping en Afrique et ailleurs, là où on ne permet même pas à ces agricultures de se développer."
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !