Les thérapeutes qui se sont spécialisés en sexothérapie n'osent pas toucher le corps de leurs patients et patientes, c'est un fait. Et c'est compréhensible. Il y a la peur que cela soit mal interprété. Et puis bien d'autres ont abusé de leur position. Tout le monde se méfie à présent, patients comme thérapeutes. Alors on parle, on raconte, on décrit en oubliant d’évoquer les émotions, les ressentis.
Je me rappelle une auditrice ostéopathe qui m'avait raconté qu'il n'était pas rare qu'elle libère des blocages sexuels liés par exemple à des cicatrices de césarienne mal acceptées par la patiente.
La sexualité n'est pas innée
Je trouve bien dommage que notre société préfère proposer de plus en plus des cellules psychologiques en tout genre plutôt que des approches corporelles adéquates. En fait, c’est souvent, pour ne pas dire toujours, par des sensations retrouvées et une intelligence émotionnelle que nous pouvons évacuer un traumatisme ou retrouver l’accès au plaisir. Plutôt que par de longs discours.
Nous pensons à tort que la sexualité est naturelle ou innée. Si se reproduire ne demande rien d’autre qu’une goutte de sperme et un ovule, faire l’amour est une tout autre aventure. La sexualité humaine dépend de deux critères essentiels : la culture et le cognitif. Le poids d’une culture est énorme et le cognitif formate nos comportements sexuels dès notre plus jeune âge.
Dans notre enfance, nous allons croire qu’il est bien ou mal de se conduire comme ceci ou comme cela. Nous aurons tendance à nous calquer sur les modèles adultes. Rien de mieux qu’une mère à l’aise dans son corps et un couple qui respire la joie de vivre pour s’autoriser le plaisir.
Ensuite, nos expériences, durant nos premières années, vont nous faire découvrir des sensations agréables, des excitations corporelles que, une fois adulte, nous rechercherons sans même nous douter d’où viennent ces envies. Est-ce d’ailleurs utile de chercher pourquoi nous aimons telle ou telle pratique si cela nous rend heureux ?
S'autoriser la jouissance
Depuis des siècles, les gens restent coincés entre leur culture et leurs habitudes. Il y a pourtant eu quelques précurseurs qui ont fait bouger les mœurs - et qui d’ailleurs sont très critiqués aujourd’hui - comme Alfred KINSLEY, Wilhelm REICH ou FREUD. Leurs découvertes ont largement fait évoluer notre regard sur la sexualité. Chacun d’entre eux ont eu des certitudes plus ou moins subjectives. Mais restituées à leur époque, chaque étude de ces scientifiques, psychanalystes, sexologues ou psychiatres ont un intérêt certain pour mieux appréhender le poids de la culture et de l’éducation sur la sexualité humaine.
Aujourd’hui encore la norme sexuelle évolue, d’ailleurs elle ne sera jamais figée. Faut-il s’en réjouir ou le regretter, là n’est pas la question. Aidons plutôt l’humanité à s’autoriser la jouissance malgré tous les tabous encore présents dans l’inconscient collectif. Heureusement, du moins en Occident, la société œuvre en ce sens.
Quand je parle de sexothérapie par le corps, je propose de remettre les sensations au centre de la thérapie. Grâce à la respiration et à travers nos sens, nous pouvons (re)trouver le chemin du plaisir. On parle d’éducation à l’affectif et à la sexualité... Je suis pour que dès leur plus jeune âge on apprenne à l’enfant à être dans son corps, pour l’aider à mieux ressentir et découvrir ce qui lui fait du bien et ce qui ne lui plait pas. C'est aussi une manière de lui expliquer que personne n’a le droit de lui faire quelque chose qui ne lui plait pas et que son intime lui appartient.
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