Un jour, il y a fort longtemps, un psy alors que je parlais de ma mère osa prononcer ces mots : « Tu -lahaie- tant que ça ». Une sueur froide m’a envahie et soudain j’ai compris pourquoi il était si difficile de séparer l’amour et la haine. Je vous rassure tout de suite, j’ai eu une mère formidable et je ne la hais absolument pas. Néanmoins à 18 ans, pour me construire, il m’a fallu passer par ces moments de rejets. En fait, contrairement à bien des femmes, je me suis construite en opposition à ma mère. Donc, à une certaine époque, je ne voyais en elle que ses mauvais côtés. Plus de cinquante ans après, j’ai réussi à garder le meilleur d’elle-même. Comme je suis apte à reconnaître que ce que je n’aimais pas chez elle m’a permis également de devenir la femme que je suis aujourd’hui. Finalement, j’ai constaté qu’il est plus facile de construire son identité féminine lorsqu’on s’est opposée à sa propre mère que lorsqu’on a grandi en voulant trop lui ressembler.
Je conseille donc à toutes les femmes cette petite introspection : vous pensez être plutôt comme maman ou contre maman ? A vous de tenter de vous créer telle que vous êtes. De laisser tomber ce qui lui appartient et qui ne vous concerne plus…
Que nous dit la haine de l'autre ?
Mais revenons à la haine ! Actuellement, le monde est en crise. Et de part et d’autre, bien des gens ont la haine. La haine de l’autre évidemment. Pourtant cette haine bien souvent parle d’une part d’eux-mêmes. Pourquoi tant de haine notamment en France où, malgré tout, la vie n’est pas si terrible. Il suffit de se projeter dans certains pays pour se rendre compte qu’il fait encore bon vivre en France.
En fait, la peur sans cesse véhiculée par les politiques, reprise en boucle dans les médias et plus particulièrement encore sur les chaînes d’infos, ne peut que se transformer en haine. La peur, lorsqu’elle n’est pas élaborée se projette à l’extérieur de soi. Pour certains, elle produira des croyances qui débouchent souvent sur du complotisme, pour d’autres une haine d’autrui qui serait responsable de notre insécurité.
Sauf bien sûr pour ceux qui ont appris à s’aimer, à se sentir en sécurité dans leur monde. Leur monde : c’est-à-dire ces quelques personnes proches avec qui on se sent bien, qui nous permettent d’échanger des moments agréables. Parce que, en paix avec soi, on peut échanger avec les autres. L'autre, l'étranger à notre monde, ne nous met pas en danger car nous acceptons la contradiction et nos différences. Et ce, parce que nous ne sommes pas dans des certitudes ou des croyances qui se sont mises en place pour masquer nos peurs.
Retrouvez la biographie de Brigitte Lahaie sur le site de Sud Radio
Ainsi que la page Facebook de l'émission !