Abraham Poincheval est papa. Il a donné naissance à un premier poussin, après 26 jours d’une couvaison inédite dans son vivarium au Palais de Tokyo . Une réussite pour le "premier travail avec du vivant" de cet artiste contemporain habitué des performances extrêmes et insolites.
Depuis le 29 mars, Poincheval s’était installé derrière une vitrine de plexiglas, emmitouflé dans une couverture et assis sur une chaise lui servant de table de couvaison. Une demi-heure de sortie par jour et des provisions disposées à proximité lui permettent de ne pas craquer. Cette performance insolite, filmée et retransmise en direct sur YouTube, s’inscrit dans la veine de son expression artistique. "C'est le plasticien du quatrième millénaire", avait confié le père de celui qui se compare souvent à un Candide voltairien.
"Qu’un homme couve des œufs m’intéresse parce que cela pose la question de la métamorphose et du genre. Ce sont des énonciations très précises qui peuvent tout à coup devenir poreuses, s’éroder, se transformer", explique Poincheval.
Un artiste habitué des performances extrêmes
Son projet "Oeuf" vient prolonger son exposition au Palais de Tokyo, dans laquelle il a réalisé la performance "Pierre". Il s’agissait, pour l’artiste de 45 ans, de séjourner huit jours dans une énorme pierre creusée de 2,5 mètres de haut et 1,6 mètre de diamètre.
Auparavant, Poincheval avait déjà passé deux semaines à l’intérieur d’un ours empaillé, séjourné à bord d’une bouteille de 6 mètres de long pour remontant le Rhône, et passé une semaine perché au-dessus du sol à la Gare de Lyon. C’est pourtant sa récente couvaison qui lui a coûté le plus de forces. "Ça a été très dur pour lui, beaucoup plus dur que lorsqu'il était enfermé dans un rocher de douze tonnes" explique un porte-parole du Palais de Tokyo. "Avec l'ours, il y avait un début de lien à l'animalité, j'avais envie de poursuivre avec du vivant", rajoutait Poincheval avant d’entreprendre sa couvaison.
Les poussins de Poincheval ne resteront pas indéfiniment avec leur "père". Ils resteront trois jours derrière la vitrine avant de rejoindre la ferme normande du père de l’artiste, pour y couler des jours heureux.
Alexandra SEGOND