Eric Libiot, rédacteur en chef Culture à L'Express, était l'invité de la matinale de Sud Radio du 9 août 2019, pour évoquer l’œuvre et la personnalité de Jean-Pierre Mocky.
Un cinéaste qui racontait son pays
"Je garde un souvenir d’un type fort en gueule, iconoclaste, satirique, quelqu’un de relativement inclassable, quelqu’un qui était capable de réussir des grands films et d’en rater d’autres. Il fait partie des cinéastes, et il n’y en a pas beaucoup en France, qui racontaient la France des régions, la France d’en bas, tout en étant très critique. Le cinéma français a parfois été un peu trop parisianiste, et des cinéastes qui racontaient notre pays, il n’y en a pas beaucoup", a confié Eric Libiot.
Les films de Jean-Pierre Mocky, "un spectacle autant pendant le tournage que sur l’écran"
"Il n’a jamais été rangé dans un courant particulier. C’était presque la définition du cinéaste indépendant. Ce qui est amusant, c’est qu’il a commencé à l’époque de la Nouvelle vague, il a côtoyé Chabrol et Godard, mais n’a jamais appartenu à la Nouvelle vague ni à l’époque précédente, même s’il a tourné avec des acteurs de cette époque-là : Michel Simon, Fernandel etc. C’est quelqu’un qui est toujours entre les deux ou ailleurs ou à côté, hors des clous", a raconté Eric Libiot au micro de Sud Radio.
Selon Eric Libiot, tourner avec Jean-Pierre Mocky était toute une expérience pour les comédiens. "Ce qui intéressait les comédiens, je pense, c’est que le spectacle était autant pendant le tournage que sur l’écran. Ils savaient qu’il était capable de tous les excès. Il était drôle, provocateur… Pour les comédiens, l’expérience de ces tournages, c’était quelque chose de singulier, de très nouveau par rapport à d’autres tournages plus classiques. Il y a un côté romanesque chez Jean-Pierre Mocky qui se retrouvait dans ses films."
Jean-Pierre Mocky voulait faire un film sur les Gilets Jaunes
L’actualité ne laissait pas Jean-Pierre Mocky indifférent : pendant la dernière année de sa vie, il songeait à faire un film sur les Gilets Jaunes, un choix naturel pour lui, estime Eric Libiot. "C’était quelqu’un qui a pas mal critiqué la société française : les bien-pensants, la politique, le football… Les Gilets Jaunes, bien évidemment ça l’intéressait. Il aurait sans doute traité ce sujet avec sa turbulence et sa satire si particulière. C’était quelqu’un qui avait besoin de sujets pour continuer à vivre, même s’il ne les mettait pas à exécution", a confié Eric Libiot.