Un reportage de Thomas Rossi pour Sud Radio, écrit par Augustin Moriaux.
Le monde de la culture est de nouveau descendu dans la rue mardi pour protester contre la fermeture des salles de spectacle et de cinéma. Des salles qui devaient rouvrir initialement le 15 décembre, mais qui vont finalement rester fermées au moins jusqu'au 7 janvier, l'exécutif justifiant la décision par un nombre de cas au-dessus de la barre ambitionnée des 5000 positifs par jour.
Des milliers de professionnels ont crié leur colère et leur incompréhension face à cette décision, comme à Toulouse. Chaque main prise à brandir une pancarte, Joséphine Poncelin, flûtiste au prestigieux orchestre du Capitole, ne digère toujours pas la décision du gouvernement.
"Une de mes pancartes dit "Le spectacle vivant se meurt", l'autre "Nous sommes le spectacle (sur)vivant, le "sur" étant entre parenthèses parce qu'en ce moment, on a un peu de mal à survivre".
Tout est une question de survie pour ceux qui ne sont pas encore en banqueroute. Remy Mouillerac, guitariste professionnel.
"On crève la dalle, certains de nos confrères crèvent la dalle, il faut le dire"
L'exception culturelle dans le mauvais sens du terme ?
Symboliquement, les participants se sont rassemblés autour de la statue de Claude Nougaro square Charles de Gaulle. Serge Pey, ami du chanteur défunt et président de la Cave Poésie, une salle toulousaine, a ensuite réalisé une performance en déclamant des vers.
"Claude (Nougaro) était mon copain, un ami. C'était un résistant et aujourd'hui, il s'agit de résister, c'est pour ça que j'ai choisi sa statue. J'y ai collé des poèmes avec du scotch et lui ai mis deux roses dans les mains. Par cet acte-là, nous dénonçons le fait que certains puissent avoir accès aux lieux de culte et pas nous. Parce que la culture, c'est un culte."
Comme d'autres avant eux, plusieurs professionnels de la culture ont annoncé hier soir avoir saisi le Conseil d'État. Plusieurs théâtres parisiens ont notamment annoncé avoir déposé un référé-liberté pour demander la réouverture des salles. En théorie, la réponse devraient être connue d'ici deux jours.
Vers une année 2021 avec moins de soutien économique ?
La Cave Poésie, une salle de spectacles toulousaine, tient bon la barre pour le moment grâce aux aides mais Yann Valade, directeur des lieux, craint surtout des lendemains déchantants.
En 2020, on a été protégé par des aides que nous avons beaucoup utilisées mais dès le 1er janvier là, la musique va être différente. Les budgets vont être sacrément coupés et ce sont les petits qui vont en pâtir directement. On verra les dégâts dans un an. Tous les politiques se pressent au portillon là mais qu'en sera-t-il l'année prochaine ? C'est là qu'on va voir les choix et le Covid va avoir bon dos. Un dos très large, très très large."