C'est dans cette tribune du 4 avril que chanteurs, acteurs, écrivains, metteurs en scène et moralistes variés, font coalition contre les idées « très méchantes » - pour résumer - de Marine le Pen et de son Front national. Le but étant d'emporter l'assentiment des Français, afin que ceux-ci repoussent le parti lors des prochaines élections, la présidentielle, puis la législative .
Pour la succincte tribune, ce qui ne passe pas, c'est le fait que lors de son dernier discours ayant pour thème la culture, « Marine le Pen appelle de ses vœux une France qui retrouve sa grandeur ». Le responsable de la tribune continue en expliquant que « l'art n'est pas fait pour servir la grandeur de la France et c'est d'ailleurs bien ainsi qu'il la sert ». Même si la phrase se contredit, ce n'est qu'un court préambule préparant la suite du texte, donc faisons comme si tout cela avait un sens.
Une subversive subvention
La tribune se poursuit en défendant l'art contemporain, pour lequel la présidente du Front national ne cache pas son mépris, en expliquant que, « C'est pourtant là que réside l'éminente fonction de l'art qu'est la subversion - qui va du léger déplacement au renversement scandaleux ». Sans faillir, le texte poursuit son hardi raisonnement en le complétant d'un : « La liberté de penser et de créer, la liberté d'inventer et d'affirmer, la liberté d'interpréter et de critiquer le monde comme il va ou ne va pas, sont choses précieuses, ô combien ! ».
Du bel ouvrage, mais l'édifice commence à trembloter lorsque la tribune aborde timidement le « comment ?, » de toute cette liberté artistique "sans frein aucun". « L'art comme fruit de ces libertés et des moyens qui lui sont offerts en France, c'est cela que le monde entier nous envie. » Pour utiliser un terme résumant cette petite phrase, on parlera de subventions faites au monde de la culture.
Donc, si nous avons bien compris, la tribune dit que la subversion - qui est une action visant à bouleverser, détruire les institutions, les principes et renversant l'ordre établi - doit être permise par la subvention - qui, dans sa forme moderne, est une somme d'argent que l'État, une collectivité locale ou un organisme privé accorde à un groupement, une association ou une personne pour favoriser le développement d'activités d'intérêt général.
Et de conclure que ne pas accepter cette « subversion subventionnée », est le signe d'un esprit rempli de méchantes pensées qui puent. On ne voit vraiment pas comment une telle « logique » pourrait ne pas convaincre les indécis.