Michel Onfray analyse, dans son dernier ouvrage Autodafés : L’art de détruire les livres, paru le 26 août 2021 aux éditions Bouquins, ce que les grands chefs-d'œuvre de la littérature ont reçu comme critiques au moment de leur sortie. Le titre exprime d’ailleurs un certain parallèle entre le fait de brûler les livres, comme en 1933 sous le régime Nazi, acte qui "démarre avec Saint-Paul", rappelle l’auteur, qui "brûle les livres de magie" qui, comme il l’explique, sont "les textes sacrés du paganisme". "J’ai souhaité m’attaquer à des textes qui, pour moi, sont majeurs."
"Ça constitue ce que j’ai appelé la fachosphère de gauche"
Ces ouvrages, estime Michel Onfray, "ont dit la vérité plus tôt que prévu, plus tôt que les autres". "Je pense que ça constitue ce que j’ai appelé la fachosphère de gauche", explique l’auteur, qui déclare avoir dit "du bien d’Huntington" ou encore de Soljenitsyne en 74 alors qu’il n’était encore que "jeune garçon" et qu’il "n’existait pas encore publiquement", raison pour laquelle il n’est pas "rentré au parti communiste français : ce n’était pas possible, ce n’était pas pensable d’aller au PCF quand on entendait le PCF dire que Soljenitsyne était un catholique antisémite, enfin, un chrétien antisémite, qu’il était payé par la CIA, etc."
"Mai 68 a gagné, d’une certaine manière"
Michel Onfray souligne que Mélenchon ou encore Alexis Corbières "continuent de dire que Soljenitsyne est antisémite, qu’il est payé par la CIA, etc." Ce type de propos, juge l’auteur, est comparable avec "cette idée sotte que nous devrions notre culture aux Arabes, donc aux musulmans, car il y a des Arabes chrétiens". Il s’attaque également à la psychanalyse qui "est une fiction" selon lui. "C’est une espèce de chamanisme post-moderne."
L’auteur a critiqué la psychanalyse, se faisant lui-même vivement critiquer : "c’est là que j’ai découvert un peu comment fonctionnait cette gauche-là". Pour lui, on n’aurait pas le droit de toucher "aux idoles du gauchisme culturel". "Mai 68 a gagné, d’une certaine manière, avec les 68ards qui nous ont dit que la psychanalyse c’était formidable, que ça soignait, que ça guérissait, qu’on devait toute notre culture aux Arabes."
Il donne en exemple Paul Lyonnais, sociologue, qui "disait effectivement que l’antiracisme était une courroie de transmission du racisme qui était bien nécessaire pour rendre possible un Front National qui cassait la droite en deux et que Mitterrand instrumentalisait l’antiracisme". Paul Lyonnais a été qualifié de penseur et d’historien du Front National, au point de se faire "traiter de fasciste" par Laurent Joffrin ce qui, selon Michel Onfray, a conduit à l’arrêt de la carrière du sociologue "d’une certain manière". "Si vous êtes un compagnon de route du Front National dans les années 80, vous êtes mort ; et puis invité nulle part."
"Les Talibans de Paris qui font la loi intellectuelle"
Michel Onfray critique "les Talibans de Paris qui font la loi intellectuelle et qui estiment à dix personnes que ceci est à lire, ceci est à jeter, ceci est à aimer, ceci est à détester", et qui refusent de débattre sur le fond d’un ouvrage. Des personnes qui sont "toujours dans la logique des plumes et du goudron", pour l’auteur.
Ainsi, Huntington, juge Michel Onfray, a été refoulé au profit de Francis Fukuama, auteur de La fin de l’histoire et le Dernier homme et qui était "le penseur du libéralisme". Alors qu’Huntington dirait "il y a des blocs civilisationnels qui s’opposent".
"30 ans plus tard, vous en avez un qui a tort, le réel lui a donné tort, l’autre qui a raison, le réel lui a donné raison", déclare Michel Onfray en parlant respectivement de Fukuama et d’Huntington. Pourtant, "celui dont on a dit qu’il avait raison alors qu’il avait tort a toujours raison, aux yeux de ces gens-là, et celui dont on a dit qu’il avait tort alors que finalement le réel lui a donné raison, il a toujours tort aux yeux de ces gens-là". De fait, pour Michel Onfray, si on avait suivi ces penseurs qu’il réhabilite dans son ouvrage, ils "ne nous auraient pas conduits la où nous sommes".
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