Patrice Franceschi : "ça a été une nécessité impérieuse pour moi de transformer cette expérience en conscience"
Pour la rentrée, Patrice Franceschi, écrivain et aventurier, publie son nouveau roman, S’il n’en reste qu’une aux éditions Grasset, qui parle des événements en Iraq, en Syrie avec Daesh. Il traite notamment du sort des Kurdes et des Yazidis et est tiré des expériences et voyages de l’auteur qui s’est rendu sur place.
Concernant la forme romanesque du récit, Patrice Franceschi rappelle qu’il s’est "engagé auprès des Kurdes de Syrie au tout début de la guerre, il y a déjà huit ans". Un engagement actif qui permet à l’auteur de dire que "ces gens-là, je pense à peu près les connaître, surtout les femmes combattantes". "J’ai écrit, pendant cette période, un récit" et "un essai", explique-t-il, intitulés respectivement Mourir pour Kobané et Avec les Kurdes. "Mais pendant toute cette période, quand vous êtes engagé profondément non pas comme témoin mais comme acteur, et que vous voyez la réalité de ce qu’il se passe, peu à peu, au-delà du récit et de l’essai, ça a été une nécessité impérieuse pour moi de transformer cette expérience en conscience, et de faire de cette conscience de la littérature."
La littérature, c'est dévoiler "un pan de la condition humaine"
Lors de l’écriture du livre, qu’il a commencée il y a plus d’un an et demi, souligne-t-il, "d’un seul coup, tout ce qu’il y avait de poignant, de pathétique dans ces histoires-là sont là, et on crée des personnages, et on rentre dans la fiction à partir d’un réel". "Mais on rentre dans la fiction", tient-il à préciser.
Ce livre, qui est aussi construit "comme un thriller", c’est "quand même une épopée épique qui tente, pour moi, d’atteindre la frontière ultime de l’absolu pour tenter de découvrir ce qu’il peut y avoir derrière d’incandescent dans la condition humaine". Dévoiler un "pan de la condition humaine", estime Patrice Franceschi, c’est ça la littérature.
"Ce qui m’intéresse, ce sont les autres"
Dans ce roman, le personnage principal est une journaliste Rachel Casanova, car pour l’auteur, "ce n’était pas moi qui devait raconter cette histoire". Il s’est donc mis "dans la peau d’une femme, pour raconter d’autres femmes, ces femmes combattantes kurdes".
S’il a choisi une femme, c’est parce qu’il "aime parler de ce que je fais, je n’aime pas parler de mon moi personnel", explique-t-il. "Ce qui m’intéresse, ce sont les autres." Et se mettant dans la peau d’une femme, il espère avoir réussi à écrire "un roman féministe, au bon sens du terme".
"C'est parfois en mourant que l’on se sauve"
Quant au personnage de Rachel Casanova, elle représente "le roman dans le roman", détaille Patrice Franceschi, qui va "connaître un retour aux sources conradiennes au fur-et-à-mesure de ses découvertes". "En rencontrant ces femmes, peu à peu, elle, qui pensait avoir tout vécu" découvre que les filles qu’elle rencontre "ont toujours refusé de vivre au rabais". La liberté, pour ces femmes, "est la valeur suprême qui irrigue toute connaissance, et que pour cela, elles savent pourquoi elles vivent, pourquoi elles se battent, pourquoi elles souffrent et pourquoi elles meurent".
La découverte "éblouissante" de Rachel Casanova qui, explique Patrice Franceschi, se sent chez elle avec ces femmes. Il reconnaît même "que nous aussi, quand on est avec ces gens-là, on découvre", faisant ainsi le lien avec son expérience personnelle, laquelle lui fait finalement découvrir "un pan de liberté". "Et, surtout, qu’il peut y avoir de la grandeur dans l’échec, et que c’est parfois en mourant que l’on se sauve."
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !