Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, a toujours été un fervent défenseur du "Made in France" dont il a fait son fer de lance durant son mandat sous François Hollande. Nathalie Schraen-Guirma l’a reçu dimanche 19 avril 2020 dans son émission "C’est ça la France" pour discuter de la crise du Covid-19, des solutions et de l’après-crise.
"Nous avons organisé un confinement qui est une méthode archaïque"
Pour Arnaud Montebourg, la crise du coronavirus Sars-CoV-2 responsable du Covid-19 est "une prise de conscience de ce que doit être une économie libre". Or, comme il le souligne, les Français ont toujours été attachés à la liberté qu’ils ont conquise au fil des années, notamment sur le plan politique. "Sur le plan économique, cette liberté c’est d’être indépendant des chaînes d’approvisionnement, des brevets, des normes, des produits, des décisions des autres…"
Or, actuellement, la France est dépendante : la production de masques ou encore de médicaments se faisant à l’étranger, lorsque la chaîne d’approvisionnement s’est grippée, la France a manqué de tout. "Nous avons organisé un confinement qui est une méthode archaïque", précise l’ancien ministre. S’il ne la critique pas, il estime que "nous avons adapté notre politique sanitaire à notre dépendance". Le gouvernement n’avait pas d’autres choix, du fait de cette dépendance industrielle.
Le "made in France" est un "point de rassemblement"
Pour l’ancien ministre aujourd’hui entrepreneur, l’une des clés pour retrouver la "liberté" est la "commande publique". Lui-même avait voulu, lors de sa nomination sous François Hollande, qu’elle lui soit confiée, pour "diriger la commande publique sur un terrain plus patriotique". Car cette dernière représente 100 milliards d’euros par an, mais la tendance est celle de "toujours aller chercher moins cher"… et donc à l’étranger.
Or, ce n’est pas la politique adoptée par certains de nos voisins européens : les Allemands et les Italiens ont ainsi "gardé leur industrie" en la faisant travailler, ce qui est "conforme au droit européen", par ailleurs, précise l'ancien ministre. Mais ce dernier souligne surtout le côté transpartisan du "made in France" qui est un "point de rassemblement" de tous les bords politiques. "On pourra tous se mettre d’accord : les écologistes parce que c’est un circuit court, la gauche parce que c’est le local, la droite parce que c’est la patrie…"
"Endetter les entreprises n’est pas la solution"
Sur le plan d’urgence lancé par le gouvernement pour répondre à la crise économique, Arnaud Montebourg reste sceptique. "On va sortir de cette période rincés, avec des montagnes de dettes, des entreprises en capilotade [en morceaux, nldr], des dettes à la fois publiques et privées, parce que les entreprises qui ont pris les prêts garantis par l’État devront bien les rembourser", ce qui risque de poser des problèmes.
"Endetter les entreprises, ce n’est pas la solution : il faudra à un moment ou un autre qu’on distribue du pouvoir d’achat aux consommateurs et des moyens d’investissement aux entreprises." L’une des solutions est l’annulation d’une partie de la dette "au plan européen", afin que les "montagnes de dettes" ne soient pas traînées durant des années et ne soient payées par des "montagnes d’impôts".
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