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Automobile : le torchon brûle entre Bruxelles et Pékin

Par Sud Radio

La Chine a mis en garde jeudi contre l'"impact négatif" qu'aura selon elle l'enquête de l'Union européenne sur les subventions chinoises aux voitures électriques, au moment où les constructeurs de l'UE s'inquiètent d'une concurrence déloyale

voiture électrique
Une autonomie enjolivée pour les voitures électriques ? (© AFP)

Le marché de l'automobile électrique est secoué. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques. L'objectif ? Défendre l'industrie européenne face à des "prix artificiellement bas". La France notamment poussait ces derniers mois pour une Europe qui s'affirme davantage face aux pratiques jugées protectionnistes de la Chine. D'autres pays membres de l'Union européenne (UE), comme l'Allemagne, qui misent davantage sur le commerce international, craignent toutefois de froisser Pékin.

Cette mesure "prise au nom d'une concurrence loyale" est "ouvertement du protectionnisme". Elle "aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Union européenne", a fustigé dans un communiqué le ministère du chinois du Commerce.

Les entreprises européennes "sont souvent battues sur le terrain des prix par des concurrents bénéficiant d'énormes subventions publiques. Nous n'avons pas oublié combien notre industrie solaire avait pâti des pratiques commerciales déloyales de la Chine". C'est ce qu'a déclaré mercredi la présidente de l'exécutif européen. La Chine mise depuis longtemps sur les motorisations électriques dans l'automobile et a pris une longueur d'avance sur l'Europe notamment dans les technologies de batterie.  Ses constructeurs s'appuient sur leur immense marché intérieur, le premier au monde, pour conquérir désormais l'Europe grâce aux fortes économies d'échelle dont ils bénéficient.

Une réponse à Bruxelles

Pressée par la France, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques. Un geste salué par les constructeurs de l'UE qui dénoncent une concurrence déloyale. "Les marchés mondiaux sont aujourd'hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives", a affirmé Mme von der Leyen dans un discours au Parlement européen à Strasbourg.

Si, au terme de son enquête, la Commission constate des infractions aux règles commerciales, elle pourrait infliger des droits de douane punitifs à l'automobile chinoise, au risque de déclencher une guerre commerciale avec Pékin. "L'Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas", a lancé la responsable allemande, recueillant des applaudissements nourris.

Un responsable chinois a immédiatement protesté. "Ce n'est rien d'autre que du protectionnisme pur et dur", s'est insurgé Wang Lutong, responsable des Affaires européennes au Ministère chinois des Affaires étrangères, dans un message sur X. "De nombreux pays membres de l'UE subventionnent leurs industries de véhicules électriques", a-t-il affirmé.

L'ouverture de l'enquête représente un geste envers la France qui poussait ces derniers mois pour une Europe s'affirmant davantage face aux pratiques jugées protectionnistes de Pékin. D'autres pays membres, comme l'Allemagne, qui misent davantage sur le commerce international, sont traditionnellement plus réservés, par crainte de froisser le géant asiatique.

Mais Paris et Berlin ont cette fois approuvé l'initiative à l'unisson.  Si les subventions chinoises "ne sont pas conformes aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, il faut que l'Europe puisse riposter", a déclaré le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. Il salue au passage "une très bonne décision" de Mme von der Leyen. "Nous voulons une coopération équitable entre la Chine et L'Europe. Ça n'est pas et ça ne peut pas être la faiblesse", a-t-il martelé.

"Distorsions de concurrence"

"C'est globalement la bonne attitude", a estimé son homologue allemand Robert Habeck, lors d'une conférence de presse commune à Berlin. "Il ne s'agit pas d'exclure du marché européen des voitures performantes et bon marché, mais de voir s'il y a des subventions cachées, directes ou indirectes, qui représentent un avantage concurrentiel déloyal", a-t-il expliqué. L'enquête "antisubventions" a également été saluée par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), principal lobby de la filière dans l'UE. Cette annonce montre que "la Commission européenne (...) se penche en urgence sur les distorsions de concurrence dans notre secteur", a déclaré Sigrid de Vries, la directrice générale de l'ACEA.

La Chine mise depuis longtemps sur les motorisations électriques dans l'automobile. Le pays a même pris une longueur d'avance sur l'Europe notamment dans les technologies de batterie. Ses constructeurs s'appuient notamment sur leur immense marché intérieur, le premier au monde. Désormais, l'industrie chinoise peut conquérir l'Europe grâce aux fortes économies d'échelle dont elle bénéficie. Mme de Vries constate déjà "une hausse massive" des importations d'automobile électrique chinoise en Europe.

La fin de l'automobile chinoise en Europe ?

Elle a rappelé aussi que les subventions gouvernementales américaines réservées à des produits fabriqués aux Etats-Unis, dans le cadre de l'IRA ("Inflation Reduction Act") favorisaient l'implantation d'activités outre-Atlantique. Les entreprises européennes "sont souvent battues sur le terrain des prix par des concurrents bénéficiant d'énormes subventions publiques. Nous n'avons pas oublié combien notre industrie solaire avait pâti des pratiques commerciales déloyales de la Chine", a souligné mercredi Ursula von der Leyen.

La présidente de l'exécutif européen a cependant plaidé pour un "dialogue" avec Pékin. "Nous devons nous défendre contre les pratiques déloyales. Mais il est tout aussi essentiel de (...) poursuivre notre dialogue avec la Chine", a-t-elle déclaré. "Réduction des risques, pas découplage", a-t-elle martelé. Le commissaire au Commerce, Valdis Dombrovskis, a annoncé dans la foulée qu'il se rendrait en Chine la semaine prochaine "pour discuter des opportunités et des défis commerciaux et économiques". Le gouvernement français prépare de son côté une réforme des subventions aux automobiles électriques en France. Elles devraient être bientôt subordonnées à un "score environnemental" susceptible de limiter les importations chinoises.

 

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