Baisse du pouvoir d’achat : les dépenses pré-engagées augmentent
La question du pouvoir d’achat sera sans doute au centre de la campagne présidentielle. Un Français sur deux estime qu’il a baissé en dix ans. Ressenti ou réalité ? "Il y a du ressenti et cela se confirme aussi, décrypte Frédéric Farah, économiste, membre du laboratoire Phare à la Sorbonne. France Stratégie a observé l’augmentation des dépenses pré-engagées. Normalement, de vos revenus disponibles, il faut retirer ces dépenses : assurances, loyers, Internet…. Ce genre de dépenses a particulièrement augmenté depuis 2001, et tout particulièrement pour les ménages les plus modestes."
"Ce qui reste en revenu réel, le revenu arbitrable, s’est réduit pour les catégories modestes du fait de l’augmentation des dépenses pré-engagées. On l’oublie souvent. D’autre part, les gens comprennent bien que leur pouvoir d‘achat est touché. L’électricité, le gaz augmentent ; il y a une tension très forte sur les matières premières, avec le problème du blé dur dans le monde. En France et en Italie, il risque d’y avoir des augmentations dans le domaine alimentaire."
Augmentation des salaires : la question des salaires est à mettre sur la table
"Aujourd’hui, la tension sur le pouvoir d’achat est réelle, surtout celui des plus modestes. Ils comprennent que leur fiche de paie risque de ne pas être suffisante par rapport à ce qui nous arrive", estime l’auteur du livre L'impuissance organisée de l'état en France, Fake state (H&O éditions). Le chèque énergie a été augmenté de 100 euros pour des millions de foyers, la prime Renov' a été prolongée. "Évidemment, on ne va pas faire le difficile, ces dispositifs permettent de rendre la chose moins pénible. Mais tous les gouvernements ont envoyé le message que l’augmentation du pouvoir d’achat va venir de la baisse de la dépense publique et de mesures fiscales."
"Mais la question fondamentale des salaires n’est pas mise sur la table, souligne Frédéric Farah. Des années 1950 aux années 1980, l’État organisait des conférences de revenus, obligeant à des augmentations, faisant revaloriser les salaires. Il a fallu attendre la crise de la Covid-19 pour se rendre compte que les aides-soignants, les travailleurs de la logistique étaient sous-payés. La question des salaires est passée en arrière-plan depuis des années. Que ce soit pour les enseignants ou le secteur privé, ce n’est pas juste une demande de coup de pouce. Il y a une urgence là-dessus, c’est évident."
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