Une nouvelle mobilisation de routiers s’est déclenchée ce vendredi, notamment du côté de la raffinerie de Feyzin (Rhône), bloquée ce matin. Secrétaire général de la CFDT-routiers, Patrick Blaise s’explique sur le mécontentement de la profession. "La fédération CFDT-transports a fait un petit coup de semonce le 18 pour alerter le gouvernement sur le fait que ces ordonnances seraient catastrophiques dans notre secteur. On leur a expliqué que si l’aspect salaire ne serait bien évidemment pas remis en cause, tout ce qui est annexe au salaire pourrait l’être dans les négociations individuelles, surtout dans les TPE-PME de moins de 50 salariés, ce qui représente 80% de notre profession. Or, la réunion d’hier avec la ministre des Transports et les organisations patronales n’a absolument rien apporté en termes de garantie sur ce sujet. Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on avait raison dans ce qu’on disait. Tout sera impacté, y compris les frais professionnels !", déclare-t-il.
"Dans notre profession, les salaires sont bas"
Concrètement, les routiers se révoltent notamment de la mise en péril de certains de leurs avantages, notamment les frais professionnels. "Dans notre profession, vous avez une spécificité : les salaires sont bas. Pourquoi sont-ils bas ? Tout simplement parce que la loi Fillon introduit des abaissements de charges sur les bas salaires, donc la profession a préféré donner énormément de frais ou d’indemnités annexes. C’est les repas, les petits déjeuners, les indemnités compensatrices quand les conducteurs ne dorment pas chez eux, etc. Aujourd’hui, ces conducteurs considèrent que c’est un complément de salaire, qui va parfois jusqu’à 1000 euros par mois. Mais demain, l’entreprise pourra déroger à la convention et vous donner un repas inférieur à la réalité, elle pourra vous dire que vous avez un beau camion avec une belle couchette et que vous n’avez donc pas besoin d’indemnité…", explique Patrick Blaise.
"Prenons un exemple dans le secteur voyageur, où il y a le 13ème mois conventionnel. Il y a en France 85 000 salariés de conducteurs d’autocar qui transportent les enfants de la nation. Vous avez 80% de TPE-PME. Demain, une entreprise qui veut gagner des marchés de service public va dire à ses salariés qu’il ne peut plus supporter le 13ème mois et qu’elle ne le donnera plus. Aujourd’hui ce n’est pas possible, mais ce le sera demain avec ces ordonnances", surenchérit-il.
Appel à la grève le 10 octobre
Le syndicaliste appelle par ailleurs à un nouveau mouvement d’ampleur dans les prochains jours. "Nous avons lancé un appel à la grève pour le 10 octobre, et évidemment il faut un délai de plus de quinze jours pour les conducteurs de car. Toutes les entreprises dans lesquelles nous sommes implantés ont donc mis une alerte sociale pour cette grève du 10 octobre si on ne trouve pas une solution d’ici là. (…) Hier dans cette réunion, le seul point positif que nous avons eu est venu de la part du représentant patronale de la FNTV (Fédération Nationale des Transports de Voyageurs), qui veut absolument que l’on garde la convention comme socle minimum. La ministre ne les a même pas entendus", précise-t-il.
Réécoutez ici en podcast l’interview de Patrick Blaise dans le Grand Matin Sud Radio