Francis Pousse, président national des distributeurs Carburants et Energies Nouvelles chez Mobilians (ex CNPA) représente les 4.200 stations indépendantes de l'Hexagone.
Carburants : le gas-oil plus cher que le sans-plomb
"En quelques jours, les prix à la pompe sont passés de 1,90 € à environ 2,10 €. J'ai attendu le plus longtemps possible pour franchir la barre des 2 euros, confie celui qui est aussi propriétaire d’une station-service indépendante à Arnage (Sarthe). Les consommateurs ont tendance à remplir moins le réservoir, ou à faire le plein en début de semaine."
Pourquoi les prix augmentent-ils aussi vite ? "Il faut comprendre que l’on a un indice, le baril de pétrole Brent, d’ailleurs payable en dollars, avec un euro faible en ce moment, décrypte-t-il. Le coût des matières premières est géré quant à lui par le prix Rotterdam, le prix de sortie de raffinerie des produits. Nous avons quelques tensions en particulier sur le gas-oil. L’hiver n’est pas fini, et nous avons encore besoin de fuel. Mécaniquement, cela fait augmenter les prix. En ce moment, on se retrouve avec un rapport inversé, avec un gas-oil plus cher que le sans-plomb."
[#SudRadio] Les stations essence indépendantes aussi menacées par la hausse du prix des #carburants⬇️
🗣Francis Pousse, propriétaire d’une station indépendante à Arnage : "On est passé de 1,90 euros le litre d’essence à 2,10 euros" pic.twitter.com/SpobbDHZ7x
— Sud Radio (@SudRadio) March 10, 2022
Une marge de un à deux centimes net
Comment réagissent les automobilistes dans les stations-services ? "Depuis quatre à cinq ans, nous avons fait un travail d’éducation pour faire comprendre à notre clientèle que la marge n’est pas chez nous, explique Francis Pousse, président national des distributeurs Carburants et Energies Nouvelles chez Mobilians. Elle est de un à deux centimes net par litre vendu, et ce n’est pas nous qui le disons, c’est le gouvernement." Il n’y a donc pas de marge supérieure en ce moment chez les pompistes ? "Non, c’est toujours la même, c’est une marge fixe. Mais à 2,20 €, vous avez malheureusement tendance à en vendre moins. L’équation est plus difficile en fin de mois."
Résultat : les automobilistes se rendent dans les grandes enseignes. "On juge que c’est une concurrence déloyale car nous n’avons pas le même objectif. Nous sommes là pour vendre du carburant et plus tard des énergies nouvelles. On existe depuis une centaine d’années. Le but d’une grande surface est uniquement de faire venir du monde dans son magasin. On se bat sur le carburant de qualité et le service. " Y a-t-il de moins en moins de stations indépendantes ? "Cela fait déjà plus de cinq ans que l’on réclame un fonds de soutien aux stations-services traditionnelles. On aura encore besoin de pétrole pendant 20 ou 30 ans, mais ces ventes vont aller en diminuant. Nous sommes prêts à distribuer des énergies nouvelles, mais on ne pourra pas le faire sans un coup de main du gouvernement. Une cuve de carburant coûte 50.000 euros, une installation pour l’hydrogène, un million d’euros."
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