Une grande consultation nationale, promise par Emmanuel Macron. Ce jeudi, le chef de l’État lancera à Bercy les États généraux de l’alimentation, grande concertation de plusieurs mois sur les nouveaux modes de consommation alimentaires et les enjeux pour l’agriculture française. Christiane Lambert, patronne de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), était l’invitée ce mercredi du Grand Matin Été de Sud Radio pour évoquer cette consultation.
"C’est une très bonne chose que le président Macron commence sa mandature par ces États généraux de l’alimentation, qu’il avait promis, en posant notamment la question de la rémunération des producteurs français, qui vivent des crises à répétition. Il y a une pression sur les prix très importante, et pourtant chacun reconnaît que l’alimentation à la française est une vraie chance pour notre pays. C’est le principal sujet. Il y a aussi la question de l’alimentation saine, durable, diversifiée, que nous voulons préserver", confie-t-elle d’emblée.
"Les producteurs ne se versent pas de revenus"
Alors que les producteurs sont selon elle étranglés aujourd’hui financièrement, Christiane Lambert en appelle aux Français. "Nous voulons que les consommateurs français saisissent la main que nous tendons en proposant un double pacte économique et sociétal. Quelques centimes en plus sur les produits en rayon et vous soutenez les producteurs français. C’est beaucoup dit aujourd’hui sur le melon et l’abricot, mais c’est vrai pour tous les produits. Depuis trois ans, beaucoup d’agriculteurs travaillent en-dessous de leur coût de production, c’est-à-dire qu’ils ne se versent pas de revenus. Quelques centimes en plus pour nous, c’est l’assurance d’un revenu. En contre-partie, nous sommes prêts à produire l’alimentation que veulent les consommateurs : plus de santé, plus de bien-être animal, plus de diversité, plus de qualité, etc. Nous savons faire tout cela, s’il y a de la rentabilité dans nos exploitations agricoles", propose-t-elle.
"La concurrence est forte partout, mais nous, nous ne pouvons pas délocaliser"
Selon la dirigeante, qui a succédé à Xavier Beulin décédé il y a quelques mois, les règles du jeu doivent changer aujourd’hui. "La concurrence mondiale est très forte dans tous les secteurs : le textile, la chaussure, l’électroménager, etc. La différence avec le secteur agro-alimentaire, c’est que nos entreprises ne sont pas délocalisables. On est en France et on ne peut pas aller ouvrir une succursale à l’étranger. Il faudra probablement fixer par la loi des règles du jeu pour une juste répartition de la valeur des produits entre les producteurs, les industriels et les grands distributeurs. Aujourd’hui, les grands distributeurs sont très forts dans notre pays, il en reste seulement quatre", déplore-t-elle.
"Les manifestations de 2015 et 2016 étaient un SOS lancé par les producteurs. Nous n’avons pas des prix suffisants pour couvrir nos coûts de production. Il y a des exigences de production premium en France, et si dans le même temps des prix low cost sont pratiqués à l’autre bout de la chaîne en magasin, ça ne marche pas", ajoute-t-elle enfin.
Retrouvez ici l'intégralité de l'interview de Christiane Lambert dans le Grand Matin Été sur Sud Radio