Deux heures et demi d’oral devant les députés européens: Christine Lagarde était auditionnée ce mercredi à Strasbourg pour sa prise de fonction à la tête de la banque centrale européenne (à partir du 1er novembre prochain). Un oral et un vote purement consultatif de la part des députés européens: rappelons que Christine Lagarde a d’abord dirigé le cabinet d’affaires américain Baker et McKenzie, qu’elle était ministre des finances sous Nicolas Sarkozy jusqu’en 2011, puis directrice générale du FMI. Mais à proprement parler, elle n’a jamais œuvré au sein d’une banque centrale comme ses prédécesseurs, le néerlandais Wim Duisenberg , le français Jean-Claude Trichet ou encore l’italien à qui elle succède: Mario Draghi. Depuis qu’elle a été pressenti pour ce poste, elle a toujours dit qu’elle souhaitait un consensus au sein des 25 gouverneurs en Europe. Ces derniers sont très divisés sur l’attitude que la banque centrale européenne doit adopter face au ralentissement de la croissance économique dans la zone euro. "Il faut coordonner les politiques budgétaires, et non pas tout attendre du tout de la BCE", a dit Chrisine Lagarde. Une petite phrase, évidemment qui n'est pas passée inaperçu. Rappelons que la présidente de la BCE - institution totalement indépendante - a plus de pouvoirs pendant son mandat de huit ans qu’un chef d’État. En effet la banque centrale européenne influence la politique économique, la croissance et donc le chômage dans chaque État européen.
Alors, cet oral Éric ?
Cet oral s’est plutôt bien passé sur le fond... Christine Lagarde a annoncé la poursuite d’une politique monétaire accommodante (c’est-à-dire précisément une politique de taux bas), voir même d’une nouvelle baisse des taux, et cela est dû à deux facteurs: le premier, c’est une conjoncture qui est plutôt maussade en Europe, mais surtout une inflation qui demeure très basse. Rappelons que la banque centrale européenne a un objectif d’inflation de 2%, mais n’a pas d’objectif de croissance comme c’est le cas pour sa prestigieuse concurrente, la FED: la banque centrale américaine.
Sur la forme maintenant...
Lors de cet oral devant le parlement, Christine Lagarde a innové. Elle a souhaité s’adresser directement aux citoyens européens pour leur expliquer les décisions de la banque centrale européenne, et non pas seulement parler aux opérateurs de marchés. Mais sur le fond ce sont bien les opérateurs de marché qui continueront à décrypter le moindre mot de celle qui deviendra à partir du 1er novembre prochain la première femme à présider la BCE.