"Ils m'ont fichu ma prime en l'air, je n'ai pas de prime de Noël !"
À Rungis, Jean-Frédéric termine de charger son camion, et le compte n'y est pas pour ce livreur : "en général quand je pars, mon camion est plus plein que ça. Là il est vide, il n'y a rien !" Avec des marchandises bloquées aux quatre coins de la France, Jean-Frédéric ne pourra pas livrer l'intégralité des commandes de ses clients : "j'ai douze clients à livrer et j'ai des produits manquants sur les douze. Soit il manque du fromage, du lait qui vient de l'extérieur, soit il manque des légumes, des fruits. C'est un manque à gagner."
Un manque à gagner pour son entreprise, mais aussi pour lui-même, puisqu'il n'aura pas droit à sa prime de Noël. "Avec tous les manques, les clients qui ne paient pas, il n'y a pas de prime ! Ils m'ont fichu ma prime en l'air, je n'ai pas de prime de Noël ! Un bon petit mois de salaire... Il faudra attendre l'année prochaine."
Un chiffre d'affaires en baisse de 25% pour le mois de décembre pour certains fournisseurs
Nicolas travaille quant à lui dans le négoce de produits d'épicerie fine et les pertes sont très élevées : "-25% pour le mois de décembre, c'est énorme..." Depuis son arrivée à Rungis, il y a sept ans, Nicolas n'avait jamais vu ça : "on a des camions qui viennent de Vendée, d'Espagne, et qui arrivent très tard par rapport à d'habitude. Au lieu d'arriver à 6 heures du matin, ils arrivent à midi. Donc quand le client arrive, il n'y a rien..."
Et sur l'ensemble des fournisseurs de Rungis, les pertes s'élèveraient en moyenne à plus de 15% du chiffre d'affaires.