"La taxonomie que l’on appelle verte, c’est une liste d'activités qui sont considérées comme favorisant la transition énergétique vers une économie bas carbone", explique Jacques Percebois. En effet, le nucléaire et le gaz ont été ajoutés à la taxonomie européenne. "L’important c’est d’être sur la liste parce qu'on peut bénéficier d’une certain nombre d’aides financières de la Commission et cela envoie un bon signal au marché. L'inconvénient, si on n’y est pas, c'est que cela envoie le signal contraire. Nous seulement on n’a pas d’aide mais on est un petit peu montré comme le petit canard noir. Et ça, ce n’est pas très bon".
"En 2021, la Commission européenne avait, dans un premier temps, fait une première liste. Les renouvelables y figuraient parce qu’ils sont décarbonés, c’est logique. En revanche, le nucléaire et le gaz n’y figuraient pas. C’était surprenant pour le nucléaire car c’est une énergie décarbonée", juge-t-il. "Les Allemands s’étaient fortement opposés à ce que le nucléaire y soit au motif qu’il y a des déchets nucléaires qui sont difficiles à gérer. En revanche, si vous voulez, ils voulaient que le gaz, qui est une énergie carbonée, y soit. L’argument des allemands était de dire que le gaz étant moins carboné que le charbon, il faut remplacer les centrales à charbon par des centrales à gaz. Il faut mettre le gaz de façon transitoire", raconte-t-il.
"En mai 2022, les Allemands ont fait savoir qu'ils changeaient d'avis"
"Finalement, le 2 février 2022, il y a eu un compromis et la Commission a proposé, dans un acte délégué, que les deux y figurent de façon transitoire. Le coup de théâtre a été qu’en mai 2022, les Allemands ont fait savoir qu’ils changeaient d’avis et qu’ils ne voulaient pas que le nucléaire y soit", explique Jacques Percebois. "Pour que l’acte délégué de 2022 soit accepté, il ne fallait que deux conditions. Il fallait deux votes, un vote des Etats membres, au moins 20 oui sur 27, ça c’était acquis. Mais il fallait également un vote du Parlement européen et ça ce n’était pas évident. On savait qu’il y avait plein d’oppositions au Parlement européen".
"Heureusement, hier, le parlement a rejeté une motion qui voulait exclure le nucléaire. Cette motion a été rejetée par 328 voix contre 278. Donc il y a une certaine marge, c’est un bon signal", juge le directeur du Centre de recherche en économie et droit de l'énergie. "C’est très important que le nucléaire et le gaz aient été reconnus. Bien sûr, il y a des contraintes, comme le fait que ce soit juste transitoire. Mais l’important c’est d’être dans la taxonomie".
"La décision française de relancer le nucléaire sera facilitée par la décision du Parlement européen"
"Si on veut prolonger la durée de vie des centrales actuelles, il faut que ça se fasse et que la décision soit prise avant 2040. Cela peut paraître lointain mais quand on sait que les centrales nucléaires durent 50, voire 60 ans, c’est une contrainte assez forte. Il faut surtout que les nouveaux projets nucléaires soient validés avant 2045. Vu les délais de construction, cela met quand même des contraintes assez fortes. Tout n’est pas gagné, mais c’est quand même un bon signal envoyé", répète-t-il. "La décision française de relancer le nucléaire sera facilitée par la décision du Parlement européen".
"Je crois qu’il ne faut pas trop faire de cocorico. Le projet nucléaire français était menacé en ce sens que la France aurait pu maintenir son projet nucléaire. Il aurait juste été plus difficile de trouver des financements et sur le plan psychologique, le fait que le nucléaire n’y soit pas cela aurait été absurde. Le nucléaire par définition est décarboné", indique Jacques Percebois. "Dire que le nucléaire décarboné n’est pas dans la taxonomie alors que le gaz carboné y est, cela aurait été un peu stupide. Cela facilite les choses".
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