Alors que le gouvernement a dévoilé ce mercredi les grandes lignes de son plan logement censé faciliter la construction de logements neufs, les réactions s’enchaînent suite à ces annonces. Invité du Grand Matin Sud Radio, Patrick Liébus (président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb)) se réjouit notamment de la volonté gouvernementale de faciliter la vente de terrains pour construire nouveaux logements.
"Libérer les terrains est une bonne chose, on sait que nous en manquons sur notre territoire pour pouvoir construire. Des mesures de défiscalisation seront prises par rapport à ceux qui vont pouvoir lâcher ces terrains : 100% pour ceux qui lâcheront des terrains pour des constructions de logements HLM, puis 70% pour ceux qui lâcheront des terrains pour de la construction simple. Bien sûr que c’est nécessaire et utile. Il faut prendre véritablement des mesures. Construire est une chose, encore faut-il en avoir la possibilité", indique-t-il.
"Il y a trop de normes, et les normes bloquent d’autres normes"
Patrick Liébus regrette par ailleurs le poids pris par les normes dans la construction, qui freinent selon lui l’essor du secteur du bâtiment. "Il y a trop de normes, et les normes bloquent d’autres normes. On en met de nouvelles sans remplacer les anciennes. Pour simplifier, il faudrait déjà essayer d’éviter de mettre des normes quand ce n’est pas utile. Je prends l’exemple de la norme sismique, qui existe sur tout le territoire français. Il vient d’arriver un drame au Mexique, mais la France n’est pas sujette sur toute sa surface au risque sismique. Il faut que cette norme s’applique dans les secteurs concernés, et pas ailleurs ! C’est un surcoût, et ce n’est pas forcément nécessaire. Des tas de petites normes comme ça viennent s’appliquer sur la réalisation des marchés, et ça pose un énorme problème", déplore-t-il.
S’il se félicite de voir la construction de logements neufs être prise à bras-le-corps par le gouvernement, Patrick Liébus estime toutefois que la vraie nécessité est ailleurs. "Il y a des priorités à avoir dans notre pays. Il y a énormément de logements à rénover et à remettre en état. Il faut redonner de la vie au cœur des villes et des villages, c’est là qu’il y a de la construction et de la rénovation à faire. C’est surtout de la rénovation, il faut cibler beaucoup sur ce secteur-là. (…) Dans le projet que nous avons là, il y a la suppression d’une partie des travaux potentiellement financés par le crédit d’impôt Transition énergétique. Ce sont des travaux importants malgré ce qui a été dit : remplacer des portes et des fenêtres dans une maison est nécessaire pour avoir des économies d’énergies en plus de l’isolation des toitures. On sait que tout cela se passe entre le ministère de M. Mézard et celui de M. Hulot", explique-t-il.
"Ce sont les artisans et entreprises de proximité qui créent de l’emploi"
D’une manière plus globale, Patrick Liébus se dit favorable aux ordonnances appelées à réformer le Code du travail. "Depuis qu’il y a des réformes du marché du travail, aucune ne tenait compte des TPE-PME et des artisans. Celle-ci en tient compte. Avec cette réforme, on peut avoir des entreprises qui se sentent plus libérées pour créer des emplois, et c’est extrêmement important. Dans le bâtiment, on a eu des années de difficulté depuis 2008, beaucoup d’entreprises ont souffert et ont dû en payer les conséquences par la perte d’emplois. Il y a des mesures utiles dans ces ordonnances, notamment la possibilité, dans les moments difficiles, de pouvoir discuter dans l’entreprise pour trouver une solution. Arrêtons de penser grandes entreprises, car ceux qui créent et développent l’emploi, ce sont les artisans et les entreprises de proximité", préconise-t-il.
Retrouvez en podcast l’intégralité de l’interview de Patrick Liébus dans le Grand Matin Sud Radio