Pour l’économiste Philippe Murer, "il y a une troisième voie". "On la connaît en France, elle est claire et nette. Il s’agit du Gaullisme ou du Colbertisme qui y ressemble un petit peu. Dans celui-ci on a des libertés économiques, on a des réglementations qui permettent de protéger, de développer et d’aller beaucoup plus vite dans la croissance", explique-t-il au micro de Sud Radio. "On ne peut pas reprendre la phrase de Thatcher qui dit qu’il n’y a pas d’alternatives. Il ne faut, justement, pas se laisser piéger par cela".
"La troisième voie a été appliquée en France, avec de Gaulle. Aujourd’hui, on est dans une autre situation 50 ans après. Mais même aujourd’hui, on pourrait reprendre énormément de choses du gaullisme", juge Philippe Murer. "Par exemple, la Suisse, contrairement à nous, elle est pragmatique, elle ne privatise pas ses chemins de fer. Les chemins de fer suisses tournent comme des horloges, il y a des trains toutes les 20 minutes entre Genève et Lausanne, tout autour du Lac Léman. Moins de pollution, des prix bas et un service de très bonne qualité. La Suisse fait de l’État-stratège pour ses entreprises et pour développer l’industrie. C’est pour cela qu’il s’agit du pays le plus riche du monde, parce qu’il a l’industrie la plus riche du monde et qu’il aide son industrie. Et il la garde, il fait tout pour ça".
Philippe Murer : "Il faut faire du protectionnisme intelligent"
Selon l’économiste Philippe Murer, "il faut absolument développer l’industrie et la production en France". "L’industrie c’est la clef de la richesse et de la prospérité. Pour redévelopper l’industrie qui est le point central, il faut faire du protectionnisme intelligent, du protectionnisme qui peut être par les normes par exemple. Le protectionnisme intelligent est un protectionnisme qui n’est pas général, mais sur les produits importants".
"Le protectionnisme doit aussi être fait par la commande publique. La commande publique doit être réservée aux entreprises françaises. Il faudrait par exemple, qu’on commande des panneaux solaires fabriqués en France et non des panneaux solaires fabriqués en mauvaise qualité écologique en Chine", juge Philippe Murer. "Nous avons les entreprises pour le faire, nous sommes capables de les redévelopper. Nous avons également les technologies mais il faut prendre le temps et les moyens de les redévelopper".
"C'est impossible dans l'Union Européenne"
Pour l’auteur de Sortir du capitalisme de désastre, "il faut afficher le ‘Made in France’ partout". " Il faut dire partout d’où viennent les produits. S’ils ont été fabriqués en partie en France, en partie en Allemagne, en partie en Pologne, et que tout cela soit clair. Il faut l'État-stratège, la planification, etc.", juge Philippe Murer. "Mais tout cela est impossible dans l’Union européenne".
"L’Union européenne interdit le protectionnisme. Elle fait du libre-échange avec le monde entier. Et ce, même pendant la crise du Covid, il y a eu des accords de libre-échange avec le Mexique et le Vietnam par exemple. L’affichage du ‘Made in…’ est interdit sauf pour les fruits et légumes, vous ne pouvez pas l’imposer. La commande publique réservée est impossible, même le Sénat le reconnaît dans un article récent du rapport du Sénat", explique Philippe Murer. "L’État-Stratège ils n’en veulent pas, donc c’est impossible dans l’Union Européenne. Tous les gens qui disent que nous allons relancer la production française tout en restant dans l’Union Européenne, soit se trompent, soit nous mentent éhontément".
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