Après plus de 30 heures de négociations, les députés européens ont fini par trouver un accord sur la réforme du marché européen du carbone, volet central du « Green deal » de l'Union Européenne.
Les coulisses du « Green deal » européen
Ce « Green deal » doit amener l’Europe à réduire de 55 % ses émissions carbone d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, et quasiment nulle d'ici à 2050. "L’idée de cette taxe carbone est de faire monter suffisamment haut le coût des énergies fossiles pour en faire baisser drastiquement la consommation", décrypte Philippe Murer, économiste et essayiste, expert en énergie. "Les outils sont cette taxe carbone pour les quotas carbone pour les industries énergivores. Cela existait depuis 2005."
"C’est pour répondre au défaut de ces derniers qu’a été votée une taxe aux frontières. Les industries énergivores, qui produisent du fer, de l’acier, de l’engrais, avaient ces quotas carbone qui baissaient de plus en plus. Du coup, cela permettait de faire baisser la consommation d’énergies fossiles. Mais cela faisait aussi monter le prix de revient des entreprises européennes, qui n’étaient plus compétitives. Avec ce texte, les autres entreprises, chinoises et américaines, vont devoir payer la même taxe carbone que les entreprises européennes." L’Union Européenne va donc notamment supprimer les quotas d'émission gratuits distribués jusqu'ici aux industriels européens pour leur permettre d'affronter la concurrence extra-européenne. Selon l'accord trouvé, le rythme de réduction des quotas proposés va s'accélérer avec, d'ici 2030, une baisse de 62% par rapport à 2005.
📣Accord sur la réforme du marché du carbone
🗣️@PhilippeMurer "L’idée de l’#UE est de faire monter les prix des énergies fossiles pour que les gens soient forcés de baisser leur consommation. Mais ils n'ont pas les moyens de le faire ! C'est dangereux"
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— Sud Radio (@SudRadio) December 20, 2022
Déjà une taxe carbone de 45 euros par tonne
"Les ménages payaient déjà une taxe carbone de 45 euros par tonne, c’est ce qui avait fait monter le prix de l’essence au moment des Gilets Jaunes. En Suède, c’est 100 euros. L’Union Européenne est en train de faire monter et d’harmoniser cette taxe carbone en Europe. C’est bien sur un impôt européen sur les énergies fossiles pour se déplacer et se chauffer. L’idée est de faire monter le prix des énergies fossiles et des carburants pour que les gens se mettent à acheter des pompes chaleur ou des voitures électriques pour éviter de dégager des émissions de CO2.
L’idée est de donc de le forcer à faire cette transition écologique." Et quand on n’a pas les moyens de le faire ? "C’est tout le problème. En économie, cela s’appelle la théorie des anticipations rationnelles. En plus, les gens ne sont pas informés qu’ils paient une taxe carbone. C’est encore moins connu qu’elle va augmenter. Ce n’est pas une bonne méthode de faire monter les prix pour que les gens soient forcés d’utiliser moins d’énergie fossile."
Une usine à gaz bureaucratique
"C’est une usine à gaz bureaucratique que j’ai étudié en détail qui me semble très dangereuse", souligne Philippe Murer, auteur du livre « Comment réaliser la transition écologique, un défi passionnant ? ». "On risque d’avoir le même problème que les marchés européens de l’électricité, qui font exploser les factures chez les commerçants et les entreprises et sont en train de les ruiner. L’autre problème est que l’Union Européenne est pour les panneaux solaires et les éoliennes qui ne produisent de l’électricité qu’un tiers du temps. Les deux tiers du temps, vous êtes donc quand même obligé d’utiliser des énergies fossiles."
"L’Union Européenne devrait donc être cohérente et favoriser le nucléaire. On a inversé le processus, on devrait avoir beaucoup d’énergie sans CO2, puis augmenter les taxes. La France l’a fait en 1974 pour produire de l’électricité sans pétrole. Messmer lance alors un programme énorme de construction de centrales nucléaires. Cela fait que l’on se retrouve avec énormément d’énergie nucléaire propre. Les ménages n’ont pas vu le problème et ont réduit leur consommation d’énergie fossile de manière indolore."
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