Devant le "bateau", le surnom donné au grand magasin Tati, situé à Barbès, dans Paris, quelques dizaines de salariés sont venus exprimer leur inquiétude jeudi matin, quelques heures avant le placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Vendredi dernier, Tati avait été déclaré en cessation de paiement.
"On n'est pas rassuré. On a évolué dans cette société et là on est en stand-by", explique Nathalie, depuis 30 ans chez Tati où elle a commencé, comme beaucoup, étudiante, "Mais on ne baisse pas les bras". "On ne sait rien", reprend Myriam, 44 ans, employée au magasin Tati de Sevran, qui s'inquiète aussi du retard pour la paie d'avril. "Normalement, on est payé le 5, là ils nous ont dit que ce serait le 11. Mais comment on fait pour gérer tout ça avec la banque?".
Gifi, potentiel repreneur
Appelés à la grève et à la mobilisation par l'intersyndicale CGT, CFE-CGC, Unsa, les salariés présents réclament la "vérité" sur l'avenir de l'entreprise. "On demande la vérité sur ce que nous allons devenir, qu'on arrête de nous mener en bateau", ainsi que "la sauvegarde du maximum" des 1 754 salariés menacés, a lancé la déléguée CGT Nicole Coger, entourée d'une nuée de caméras et de micros.
Comme ceux de Vivarte ou de Mim, les salariés de Tati ne comprennent pas que les politiques ne s'intéressent pas davantage à leur sort. "Ils se sont bien déplacés pour aller voir Whirlpool, à 250 salariés, nous on est 1 700", souligne Nicole Coger, en allusion aux deux finalistes
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— Sud Radio (@sudradio) 4 mai 2017
Le repreneur "le plus solide, nous pensons que c'est Gifi", a poursuivi Nicole Coger, "c'est le seul qui garde l'enseigne Tati". Le fondateur de Gifi, Philippe Ginestet, ambitionne de reprendre 100 magasins Tati, dont celui de Barbès, et environ 1 200 salariés, soit les deux tiers. Mais, selon la CGT, cette offre "n'a pas la faveur" de Michel Rességuier, le manager de transition nommé début mars à la tête d'Agora Distribution. Il privilégie la vente "à la découpe", estime Amparo Isidoro, élue au comité d'entreprise.
Venu "soutenir la lutte des salariés", comme l'élu PCF parisien Ian Brossat ou la féministe Caroline De Haas, candidate aux législatives dans le XVIIIe arrondissement face à Myriam El Khomri, le candidat du NPA à la présidentielle Philippe Poutou a estimé que "toutes les politiques mises en place depuis longtemps, on voit bien que ça n'empêche pas tout ça".