Souvenez-vous : il y a un an on découvrait le chef du gouvernement de la Wallonie, Paul Magnette, qui refusait de ratifier ce traité de libre-échange au motif qu’il mettait en danger certains secteurs essentiels de l’agriculture belge. Certes, il a fini par céder après quelques vagues modifications, mais tout à coup les peuples européens ont compris que la Commission cherchait à leur imposer un traité commercial aux conséquences très concrètes sur leur vie, mais en cachette ! En faisant tout pour qu’ils ne puissent pas se prononcer dessus.
Ce traité, c’est exactement le jumeau du fameux TAFTA, celui avec les États-Unis dont les Français et tous les autres peuples européens ne voulaient pas. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas seulement de baisser les tarifs douaniers pour faire du commerce tranquillement, mais aussi d’harmoniser les normes qui protègent les consommateurs, préservent l’environnement et décident quelle type de production nous voulons privilégier. Par exemple, les appellations d’origine sont l’un des symboles de ces normes, comme les normes environnementales.
Le problème, c’est que ces traités sont négociés en secret, et que 90% des avis pris par la Commission viennent de grands groupes industriels. L’argument, c’est de dire que le TAFTA c’est les méchants Américains et que le CETA c’est les gentils Canadiens. Mais en fait, 90% des grandes entreprises canadiennes sont des filiales de groupes américains. C’est donc une mise en jambes pour eux. Surtout, pour un Président comme Emmanuel Macron qui prétend défendre le climat et qui nous fait des discours lyriques à l’Onu, c’est quand même se moquer du monde.
Pour faire accepter le CETA, Emmanuel Macron a mis en place un groupe d’experts indépendants. C’est lui-même qui a décidé ça ! Eh bien ils ont rendu leur rapport : selon eux, l’augmentation des échanges commerciaux combinée à la baisse des normes est une catastrophe pour le climat. De toutes façons, le libre-échange est tout ce que les peuples rejettent parce que ça a fragilisé les classes populaires et les classes moyennes des pays occidentaux. Pour guérir ça, on leur propose d’en remettre une couche en leur faisant croire que la mise en place est provisoire et qu’on leur demandera leur avis à un moment donné. En réalité, le texte dit qu’on ne peut pas revenir en arrière sur certains points.
Donc on ne prend pas les Français pour des fainéants, on les prend pour des idiots.
Réécoutez en podcast l’édito de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio