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Arrêtons l’hypocrisie : la France allonge artificiellement les études de ses jeunes

Le gouvernement présentait ce lundi son plan pour réformer l’orientation à l’université. Une réforme ô combien nécessaire.

Université Sorbonne (©Loïc Venance - AFP)

Il s’agissait surtout de répondre au fiasco de l’été dernier sans pour autant risquer de mettre les étudiants dans la rue (la grande peur des gouvernements). Mais il faut entendre le Premier Ministre pour mesurer le caractère explosif du sujet : "Je n’ai jamais eu peur du mot sélection". Et puis un silence interminable. Avant d’ajouter que, malgré tout, il n’en est pas question. Cela s’appelle une antiphrase. Mais soit, admettons que pour éviter de mettre tous les étudiants et lycéens dans la rue, il faille des trésors de contorsion. Au moins, peut-on considérer qu’on a un peu avancé ? On évoque des "attendus" pour chaque filière universitaire. Concrètement, cela veut dire que les brochures de l’Onisep seront un peu plus détaillées. Bien sûr, en échange, on met un milliard d’euros sur la table, dont 500 millions pour créer des places dans les filières engorgées, celles qui ne débouchent sur aucun emploi.

On annonce tout de même des parcours renforcés pour ceux qui n’ont pas les prérequis. Des cours de remise à niveau. Mais les universités le font déjà ! Tout simplement parce qu’il est devenu évident que les jeunes bacheliers n’ont absolument pas les armes pour affronter l’enseignement supérieur. Il y a quelques années, des universitaires avaient publié un texte pour alerter sur la baisse du niveau des bacheliers S, qui n’avaient pas le moindre sens mathématique ni les connaissances de base. C’est vrai dans de nombreux domaines. Mais il y a plus grave : il faudrait enfin oser dire que la France est un pays où l’on allonge artificiellement les études pour faire croire que l’on forme les jeunes, et qu’on pénalise ainsi ceux qui sont déjà les plus défavorisés.

En effet, multiplier le nombre d’étudiants et le temps qu’ils passent en fac avant d’entrer dans la vie active oblige à multiplier le nombre de boursiers, donc à diminuer le montant des bourses pour ceux qui en auraient vraiment besoin ! Pendant ce temps, on vide les filières courtes et professionnalisantes, où nombre de jeunes trouveraient des débouchés et la perspective d’une belle réussite professionnelle. Avec la complicité active – évidemment – des syndicats étudiants, on continue à préférer un bac+5 en ethno-sociologie au chômage à un électricien patron de sa boîte.

Réécoutez en podcast l'édito de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio

 

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