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Bilan de la Fête à Macron

Natacha Polony revient aujourd'hui sur la manifestation baptisée "La fête à Macron", qui a eu lieu samedi à Paris, et en dresse un premier bilan.

Samedi, c'était la "Fête à Macron", une initiative de François Ruffin. Est-ce la preuve qu'il existe une vraie opposition à Emmanuel Macron ?

On va laisser de côté la guerre des chiffres. 40 000 ou 160 000, le chiffre de la France Insoumise est évidemment gonflé, mais l'énorme inconvénient du comptage organisé par un groupement de médias qui fait appel à un cabinet indépendant, c'est qu’il fait baisser mécaniquement les chiffres, et, ô bonheur, ça intervient sous la présidence Macron, qui se retrouve du coup avec des chiffres de manifs minuscules par rapport à ce qu'on avait avant : une aubaine. Donc, la victoire de François Ruffin, c'est d’avoir réussi une mobilisation différente du mouvement social classique, en perte de vitesse, quelque chose qui relève à la fois du social et du politique : c'est l’idée d’une agrégation des mécontentements, la fameuse manifestation pot-au-feu, avec cette affiche, façon mai 68, d'un homme lançant, non pas des pavés mais des légumes. Incitation à la violence, avaient expliqué les macronistes. Alors, la réussite de la "Fête à Macron", c’est d'avoir su incarner une opposition non violente, festive, bref, très 'nouveau monde', pour reprendre les catégories macroniennes.

La mobilisation est toutefois maigre face aux sondages qui nous disent que les Français sont plutôt satisfaits de la politique d'Emmanuel Macron. C'est toute la limite du mouvement. L'enquête Cevipof dont rendait compte le Monde ce week-end - une enquête auprès de 14 000 personnes, donc un échantillon vraiment représentatif - nous racontait une victoire par KO : personne ne semble crédible en face de lui. 14% des Français pensent que Jean-Luc Mélenchon ferait mieux qu'Emmanuel Macron. On est très très loin de la convergence des luttes. Parce que, ce qui frappait, dans cette "Fête à Macron", c'était, une fois de plus, l'absence de pans entiers de la société. Pas seulement les macronistes, pas seulement la France qui gagne, celle des traders et des start uppers. Et pas seulement cette France des banlieues à qui les Insoumis aimeraient bien parler, ce qui incite certains d'entre eux à la complaisance vis-à-vis du communautarisme le plus racialiste.

Il manquait également tous les autres perdants de la mondialisation. Tous ceux qui sont ne pas franchement pour la semaine des 32h ou la grève d'Air France, et qui apprécient Jean-Michel Blanquer. Toutes les révolutions sont nées de la jonction entre les ouvriers, les paysans, la petite bourgeoisie… aujourd’hui les classes moyennes. Mais certains ne votent plus, les autres n'ont aucune envie de refaire "Nuit Debout". Du coup, la "Fête à Macron" ne lui a pas vraiment gâché son anniversaire.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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