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Bronca autour d’une œuvre de Jeff Koons offerte à la ville de Paris

Le monde de l’art est en ébullition à cause d’un bouquet de fleur et de la mairie de Paris.

 

On va résumer les derniers épisodes. En novembre 2016, alors que nous commémorons l’attentat du Bataclan, l’ambassade des États-Unis annonce que l’artiste américain Jeff Koons veut offrir à la France une œuvre pour célébrer la paix et l’amour entre les peuples. Ou plutôt, il offre l’idée de l’œuvre. À charge pour les receveurs de faire construire l’œuvre et de l’installer.

En l’occurrence, la construction et l’installation coûteraient 3,5 millions d'euros, payés par des mécènes français et américains (66 % d’abattement fiscal pour ce qui est des Français). Parce que l’œuvre en question, un bouquet de tulipes rigoureusement semblable à celui qui trône devant le musée Guggenheim de Bilbao, mais tenu cette fois par une main rappelant vaguement celle de la statue de la liberté, mesure 12 mètres de haut et pèse 33 tonnes. Pire, le généreux artiste a décidé que ladite œuvre ne pourrait être installée que devant la colonnade qui joint le Palais de Tokyo au Musée d’Art Moderne. Ce qui nécessiterait des travaux de consolidation des soubassements.

Ça fait beaucoup de contraintes pour un cadeau, mais Anne Hidalgo a accepté.

Ou plutôt, un vague conseiller culturel a dû trouver que c’était formidable. Et l’histoire aurait tranquillement suivi son cours aberrant si des artistes ne s’étaient enfin mobilisés. Pas des réactionnaires, défenseurs du patrimoine et d’un Paris immuable. Non, des artistes contemporains, des collectionneurs amoureux de modernité : Oliviers Assayas, Marin Karmitz, Christian Boltanski, Frédéric Mitterrand, même !

Ils signent dans Libération une tribune d’une violence réjouissante contre le cynisme de Jeff Koons et son art de se faire de la publicité même quand il offre un cadeau pour évoquer une tragédie. Gros pavé dans la mare et réponse le lendemain du chroniqueur du Monde, dont l’argument principal consiste à expliquer que la femme de l’initiateur de la tribune est conseillère d’Edouard Philippe : un coup de basse politique pour déstabiliser Anne Hidalgo.

Bagarre politique ou controverse artistique, c’est surtout la preuve de l’incurie de ces politiques qui ont tellement peur de passer pour des ringards qu’ils se prosternent devant cette dimension commerciale et publicitaire du marché de l’art qu’incarne parfaitement Jeff Koons.

À côté de cela, la jeune création française, en particulier en art plastique, reste totalement négligée. Alors, c’est maintenant aux Français de remercier poliment pour cette horreur et de dire non merci, pour un cadeau, il est beaucoup trop cher payé.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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