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Bruno Roger-Petit à l’Élysée, ou la fascination permanente entre journalistes et politiques

En choisissant de nommer le journaliste Bruno Roger-Petit comme porte-parole officiel, Emmanuel Macron perpétue finalement une longue et ancienne tradition française.

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On vous l’annonçait dès hier matin, il y avait du bouleversement dans l’air à la communication du Président. C’est donc fait : Bruno Roger-Petit va devenir le porte-parole de l’Élysée, un poste qui n’a pas été occupé depuis 2008 avec David Martinon, on s’en souvient. Il incarnera donc la parole du Président devant les caméras, dans les studios, sur les plateaux de télévisions, et répondra aux questions que les journalistes poseront pour connaître les différentes options et les réactions de l’Élysée aux nombreux sujets d’actualité.

Depuis le départ de David Martinon, il y avait une volonté à l’Élysée de ne pas incarner la parole autrement que par celle du Président. Avec François Hollande, les conseillers présidentiels n’avaient pas le droit de s’exprimer, à la différence de Nicolas Sarkozy. Claude Sérillon avait un temps pensé occuper ce rôle-là, mais ça n’a pas été le cas.

On dit beaucoup ces jours-ci que cette décision est liée à la communication mal maîtrisée de l’été, au manque de pédagogie, etc. Mais il faut aussi savoir que depuis son arrivée à l’Élysée en mai, Emmanuel Macron avait cette volonté de faire venir un porte-parole puisque l’ancien porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, avait été contacté, mais a préféré son affectation diplomatique.

Bruno Roger-Petit est un journaliste politique connu, âgé de 54 ans. J’ai été son confrère à France 2 pendant un temps. C’est une plume acérée, connu comme étant engagé, de gauche bien sûr. Il se dit lui-même depuis plusieurs années "éditocrate", notamment à Challenges. Il est aussi spécialiste de sport à côté de la politique. Et c’est vrai que ces derniers mois, il s’est beaucoup distingué par des articles et des interventions sur les plateaux extrêmement pro-Macron. Ce matin, en parlant de ce sujet, L’Humanité titre : "Bruno Roger-Petit, enfin porte-parole officiel". Dans l’ensemble de la confrérie, on avait bien compris qu’il était effectivement totalement aux côtés du président Macron. Anecdote qui n’est pas anodine : le fameux soir du premier tour de l’élection présidentielle, à La Rotonde, parmi les invités au premier étage se trouvait un seul journaliste, Bruno Roger-Petit.

On est ici dans une tradition française qui commence d’ailleurs avec Clemenceau qui était patron de L’Aurore. Quelques années plus tard, Jean-François Kahn, patron de journal, est également passé en politique. Mais pour Emmanuel Macron, c’est plus qu’un virage à 180°C ! Pour quelqu’un qui a dit sans arrêt qu’il renouvellerait les usages et les modes de fonctionnement, voilà qu’il s’inscrit finalement dans le catalogue ! C’est ultra-classique. Qui n’a pas eu son journaliste porte-parole quand il était au pouvoir... ? On a les sentiment que politique et journaliste sont deux professions fascinées en permanence l’une par l’autre.

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