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Calais, Libye, Tunisie… Il faut refaire l’Union pour la Méditerranée prônée par Sarkozy

La situation à Calais comme en Libye illustre l’échec des nationalismes arabes à former des nations et les erreurs de l’Occident dans le pourtour méditerranéen.

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Les jours se suivent et se ressemblent : violences à Calais, on résout le problème, et celui-ci renaît. Bien sûr, il y a la part de responsabilité des accords du Touquet, qui font que la frontière anglaise se trouve à Calais. Il faudra bien un jour résoudre ce problème et renvoyer la frontière anglaise sur les côtes anglaises. Mais il faut aller chercher les origines de tout ça. La cause est à chercher dans les bouleversements qui touchent l’Afrique et le Moyen-Orient et dans les flux de migrants et de réfugiés, qui traversent la Turquie et la Grèce ou la Libye. En réalité, une bonne partie de nos problèmes, comme de notre avenir d’ailleurs, se trouve en Méditerranée, ce que l’Europe a trop longtemps ignoré.

Emmanuel Macron était en Tunisie hier et a fait des déclarations sur la Libye en expliquant que l’Occident avait commis une erreur en provoquant une intervention militaire unilatérale pour renverser le colonel Khadafi. Sur le fond, il a parfaitement raison. On ne résout rien de cette façon et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’est pas seulement un principe, c’est une réalité. Encore faut-il qu’il y ait des peuples et qu’on s’entende sur ce mot.

Sur la Libye, il y avait aussi un problème de conscience pour le président Sarkozy à l’époque. Quand on vient vous dire que si vous ne faites rien, le colonel Khadafi va massacrer un million d’habitants à Benghazi, vous êtes tout seul face à votre conscience, et personne n’aurait pu dire ce qu’il aurait fait à sa place. Certes, le résultat est le chaos. C’est aussi le chaos parce qu’en 2012, on a abandonné la Libye à son sort. Il fallait gérer la suite une fois qu’on était intervenu. Ce n’est d’ailleurs pas le premier cas, il y a eu une intervention bien plus dramatique pour la paix et la stabilité avec la deuxième intervention en Irak, qui avait pour but de changer le régime. On a vu le résultat. Le Printemps arabe, ce n’est pas non plus une génération spontanée. Il y a eu des interventions et pressions étrangères, je pense notamment à l’Égypte au moment de la chute de Moubarak. Il y a eu beaucoup d’ingérence en Syrie, on a vendu dès le départ des armes aux rebelles. Enfin, on ne sait pas encore dans quelles circonstances Ben Ali a quitté le pouvoir en Tunisie. Il n’est pas exclu là aussi que des ingérences étrangères se soient produites.

Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Nicolas Sarkozy avait tenté de construire l’Union pour la Méditerranée. C’est arrivé juste avant les printemps arabes et, surtout, avant la crise financière qui a affaibli les pays méditerranéens de l’Europe et qui a porté des coups très durs aux économies du Sud. Aujourd’hui, on a laissé tomber tout ça et on se retrouve face aux conséquences de l’échec des nationalismes arabes à former des nations. Quand on se pose la question de la démocratie, il faut se poser cette question de la capacité à former des nations dans des pays qui sont des mosaïques de communautés, d’ethnies, de tribus. Plus encore que la question du rapport de l’islam avec la démocratie, c’est la nature et la structure de ces sociétés qui est en cause. Si on veut promouvoir quelque chose qui ressemble à une démocratie, et à la libre expression des peuples, il faut s’adapter à cette situation et ne pas vouloir imposer un modèle unique. Il faudra chercher peut-être du côté de confédérations, de communautés, etc.

La Libye est aujourd’hui le point de passage de toute l’Afrique et d’une partie du Moyen-Orient, qu’on retrouve à Calais. Amnesty International vient de rendre un rapport disant qu’il fallait sortir les migrants du piège libyen parce qu’ils y sont torturés et maltraités. Mais si on ouvre de nouvelles voies d’immigration légale, la porte serait encore plus grande ouverte et l’appel d’air sera énorme. Il faut regarder comment on peut instaurer de nouveaux régimes politiques qui tiennent compte des particularités de ces sociétés et un nouveau système de sécurité collective. Bref, refaire l’Union pour la Méditerranée car c’est là que se joue notre sort, comme celui de Calais et de toutes nos sociétés qui sont en train d’être détruites par une immigration qui a atteint un niveau devenu ingérable.

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