Cette histoire fait des vagues. On entendait hier sur cette antenne Virginie Calmels, numéro deux de Laurent Wauquiez, se perdre en circonlocutions pour ne pas dire qu’elle n’avait aucune intention de distribuer ce tract. Tout en expliquant qu’elle n'avait aucun problème avec la ligne de son parti, du moins sur le régalien, et que la seule chose qui la gênait, c’étaient les slogans sur les cadeaux aux riches. Il faut reconnaître qu’entendre les ténors des Républicains fustiger la politique économique du gouvernement, dont la principale caractéristique est d’appliquer tout ce dont ont toujours rêvé les électeurs et les élus de la droite de gouvernement, c’est assez croquignolesque. Mais pour le reste, le malentendu est plus profond. Laurent Wauquiez veut rassembler, il s’adjoint une ancienne juppéiste, et au premier coup de vent, tout le monde prend le large. Parce qu’il n’y a pas que Virginie Calmels ! Florence Portelli, ancienne proche de François Fillon, également sur cette antenne, a jugé le tract "un peu idiot".
Prenons d’abord le slogan lui-même : Pour que la France reste la France. On peut noter que dans Le Parisien, vendredi dernier, un article parlait du slogan Pour que la France reste aux Français. On voit combien, dans ce domaine, les crispations sont telles qu’on frôle la malhonnêteté intellectuelle. Parce que les mots ont leur importance. La France aux Français, c’est le slogan du FN. Parce qu’il induit que ce sont les non-Français qui veulent se l’approprier. Pour que la France reste la France, c’est un slogan qui a même été utilisé pour les Universités de l’engagement du Parti socialiste ! Tout dépend ce qu’on met derrière ce mot, la France. En fait, cela nous prouve une fois de plus que la question de l’identité nationale doit être posée calmement, en-dehors de toute polémique, pour définir ce qui nous rassemble.
Sauf que Laurent Wauquiez ne la pose pas forcément en-dehors de toute polémique. Disons que quand on veut instrumentaliser les fractures, on finit comme l’arroseur arrosé... Pour le dire autrement, Laurent Wauquiez prouve une fois de plus qu’il n’a pas d’espace politique. En faisant du slogan gros rouge qui tache pour se faire entendre, il s’interdit de répondre à une attente de patriotisme raisonnable et ouvert.