Au bout de trois ans, il faut savoir que les équipes de Charlie Hebdo sont exsangues, épuisées et toujours sur le coup de menaces de mort comme Riss, le patron de l'hebdomadaire satirique, qui l'a récemment expliqué dans son dernier édito.
La question centrale : comment faire pour assurer la sécurité du journal ? Il faut savoir que, malgré la persistance des menaces, l'État n'assure pas la protection de Charlie Hebdo. Celle-ci est entièrement à la charge du journal et cela coûte, tenez-vous bien, 1 000 000 d'euros par an. Le journal a financé les travaux de rénovation des locaux, 3 sas de sécurité et a surtout acheté ses propres armes à feu.
Nous sommes en mesure de vous révéler que la direction du journal va entamer des discussions avec les pouvoirs publics pour obtenir la protection des lieux, sinon ce sera tout simplement la clé sous la porte, avec ce message "à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle". La question est donc la suivante : est-ce que l'État, qui protège déjà les autres lieux sensibles des menaces d'attentat, ne peut pas prendre en compte le contexte très particulier de ce journal, dont les journalistes sont encore menacés physiquement ?
Autre question : trois ans après le drame, que signifie "être Charlie" ? C'était une question au centre d'une réunion organisée ce week-end avec des prises de parole de différentes personnalités comme Elisabeth Badinter et des figures du journal. Ces dernières ont parlé de leur épuisement et de leur lassitude à devoir encore tenter de convaincre que d'"être Charlie" n'est pas autre chose que d'être favorable à la liberté d'expression et d'opinion. Un enjeu aussi au cœur de la rencontre avec le président turc. Mais "être Charlie" ou pas, peu importe, car au fond l'essentiel, au pays de Voltaire, est de protéger ce bien précieux de la liberté de s'exprimer même si cela a parfois fait grincer des dents. C'est encore plus que jamais un enjeu de l'année 2018.
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