La possession de la terre était à l'origine du conflit, parce que beaucoup de paysans s'étaient vus dépossédés des leurs. Le processus de paix implique de rendre ces terres, ce qui s'annonce difficile. Le projet Utopia, lancé par l'université La Salle à Bogotá, est soutenu par le ministère de l'Éducation nationale. C'est un cursus d'agronomie pour former les enfants de ces paysans, afin qu'ils reprennent les terres en mains. Pendant quatre ans, ils vont étudier la phytotechnie, la chimie, la gestion des sols et de l'eau, etc. Et à la fin de leurs études, ils doivent proposer un projet de développement local. Par exemple, une des diplômés d'Utopia vient de récupérer la ferme familiale et d'embaucher ses frères, afin de doubler sa production d'ananas.
Cependant, la réconciliation nationale Colombienne est difficile. Ricardo Bueno, le directeur d'Utopia, explique dans le Monde que : « Certains de nos élèves éprouvent du ressentiment, voire de la haine et beaucoup arrivent avec la peur. » Du coup, les responsables d'Utopia ont élaboré une méthode concrète pour permettre une réconciliation. Ils attribuent les chambres aux étudiants en fonction de leur provenance pour qu'ils se rencontrent. La discipline est exigeante, il y a des règles de politesse, toute violence est interdite, etc. Le but est vraiment de transformer les mentalités de ces gens et d'en faire des agents de paix, qui vont s'éparpiller dans tout le pays pour cultiver la terre et la tolérance.