Quand on n’a plus d’argent, il faut aller le prendre là où il se trouve, comme disaient les communistes autrefois. C’est vrai, les sociétés d’autoroutes se portent bien, même si elles dépensent beaucoup d’argent pour entretenir leur réseau.
Du coup un projet est en train de voir le jour dans la tête de nos énarques. Demander aux concessionnaires d’autoroutes d’entretenir certaines routes nationales ou des rocades. D’autant qu’elles connaissent bien ce travail.
Les sociétés d’autoroutes ne vont pas faire ça gratuitement, mais il n’y aura pas de facturation pour l’État.
Et – je vous rassure - on ne vous demandera pas un péage pour passer sur les routes refaites par les compagnies autoroutières qui sont actuellement pleines de nids de poule.
Le mécanisme envisagé consisterait à rallonger la concession de ces sociétés d’une durée de deux à trois ans. Il faut savoir que ces sociétés devraient - en principe - rendre à l’État les autoroutes entre 2032 et 2035. Et bien du coup cela se ferait plutôt entre 2034 et 2037.
Plusieurs rapports ont montré à quel point une autoroute c’est une rente. Les sociétés autoroutières ont enregistré l’an passé un bénéfice cumulé de plus de 3 milliards d’euros. Et malgré cela, les tarifs des péages vont encore augmenter l’année prochaine avec la bénédiction de l’État.
Donc le calcul est simple, deux ou trois années d’exploitation des autoroutes, ça représentera pour ces sociétés une manne comprise entre 6 et 10 milliards d’euros. Bien plus que le montant des travaux à réaliser. Donc c’est tout gagnant pour elles comme pour l’État.
Mais alors qui y perd si l’état et les sociétés d’autoroutes y gagnent ?
Eh bien le contribuable et l’automobiliste. Le contribuable, car l’État est prêt à faire un cadeau de deux ou trois années supplémentaires aux autoroutes. Alors que ces bénéfices pourraient tomber dès 2032 dans la poche de l’État.
Et l’automobiliste qui va payer des péages plus longtemps que prévu, et sûrement plus élevé.
Mais le pire dans ce schéma, c’est de voir un État comme la France aller hypothéquer des recettes espérées dans 15 ans dans le seul but de réparer nos nids de poule. Quand on y pense ça en dit long sur la gestion des finances de notre pays.