Oui Flamanville devait être le flambeau de la nouvelle ère nucléaire d’EDF avec une nouvelle technologie baptisée EPR. Le chantier a été lancé en 2007 et il était prévu qu’il s’achève cinq ans plus tard pour un coût total de 3,5 milliards d’euros. Aujourd’hui ce chantier tourne au cauchemar, puisque dans le meilleur des cas il se terminer en 2022 soit avec dix années de retard
Et la facture globale va finalement s’élever à 11 milliards d’euros, voire plus. C’est-à-dire le triple du montant estimé.
Alors pourquoi ce plantage au pays champion du nucléaire ? Tout simplement parce qu’on a construit Flamanville comme un prototype. Alors un jour un inspecteur a décidé qu’il fallait doubler la couche de béton ou bien changer le radier. Et puis il y a eu plein de malfaçons. La cuve, qui est le cœur de la centrale était fissurée. Et là on vient de découvrir huit soudures non conformes. EDF a voulu passer outre et ne changer les soudures qu’en 2024, mais le gendarme du nucléaire a dit non. D’où ces nouveaux retards.
J’imagine que ca fait mauvais effet pour EDF ?
Ca fait très mauvais effet pour vendre cette nouvelle technologie à l’étranger. D’ailleurs plus personne ne nous
l’achète. Et puis ca tombe à un moment où les pouvoirs publics veulent reprendre la main sur les activités stratégiques d’EDF. Avec un EDF bleu qui rassemblerait le nucléaire, les barrages et les lignes très haute tension et qui serait entièrement détenu par l’état. Et un EDF vert qui regrouperait les activités commerciales, les
services et le renouvelable C’est un projet dont on parle depuis deux ou trois ans. D’abord à cause du fort endettement d’EDF lié à son activité nucléaire. Ensuite, parce qu’il y a une vraie schizophrénie à voir l’état demander une baisse des prix de l’électricité à une société cotée en bourse.
Et puis François de Rugy a un vieux contentieux avec Jean- Bernard Lévy, le patron d’EDF et c’est pour lui une occasion de rogner son pouvoir. Le seul problème, c’est que les technos qui ont bati ce projet ont oublié qu’il y a aussi un EDF rouge avec la puissance de la CGT dans ce groupe. Une CGT qui ne veut absolument pas entendre parler de démantèlement. C’est dire s’il y a loin de la coupe aux lèvres… comme pour Flamanville !