Huit euros en moyenne, voilà le prix qui sera affiché demain chez les buralistes sur la plupart des paquets de cigarettes, sachant que certaines marques comme Marlboro ou Gitanes ont rogné sur leurs marges pour amortir en particulier l’effet de la hausse. Des paquets à 7,30 passeront donc à 8 euros, et non à 8,30 euros...
Mais ce qui compte, c’est le principe, le symbole de cette hausse, assez massive pour "faire réfléchir les fumeurs", a déclaré hier Agnès Buzin, la ministre de la Santé, espérant une "prise de conscience" chez eux. Rappelons, pour ceux qui n’ont jamais osé faire le calcul, que 8 euros tous les jours, cela fait près de 3000 euros à la fin de l’année pour ceux qui fument un paquet par jour. Des sommes colossales qu’il faut gagner, et qui viennent forcément en déduction d’autres dépenses. Malheureusement, toutes les études le confirment, beaucoup de gens, de foyers modestes, rognent sur des dépenses vitales afin de pouvoir acheter des cigarettes.
Alors, tentons ici de faire de la pédagogie, mais de la pédagogie bienveillante, une fois de plus. Non seulement fumer coûte plusieurs milliers d’euros par an, mais en prime il dégrade la qualité de vie du fumeur, et de ses proches, les fumeurs passifs. Le tabac, c’est 73 000 morts par an, mais aussi des millions de personnes dont l’organisme est affaibli, fragilisé par le tabac et les 400 composés toxiques que contiennent les cigarettes... Les fumeurs sont par ailleurs plus sensibles aux microbes et aux virus, en particulier en hiver, ils sont plus souvent malades. Et les dernières années de leur vie, en particulier quand le cancer leur tombe dessus, sont un véritable calvaire.
Il faut admettre que beaucoup a déjà été entrepris par les autorités ces dernières années : interdiction de fumer sur le lieu de travail et dans les lieux publics, instauration du paquet neutre, et maintenant, augmentation drastique du prix du paquet, avec l’objectif d’atteindre 10 euros dans deux ans. On le sait, tous les fumeurs n’arrêteront pas du jour au lendemain, mais le but est d’en décourager un maximum, et en particulier les plus jeunes, ceux qui commencent ou seraient tentés de commencer. Quand on est lycéen, dépenser ne serait-ce que 4 euros par jour pour fumer 10 clopes, c’est 30 euros par semaine, et tous les parents ne donnent pas 30 euros d’argent de poche à leurs enfants. Quant aux autres, ceux qui doivent arbitrer entre mieux manger et fumer, je ne peux leur donner qu’un seul conseil. Réfléchissez, réfléchissez bien. Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
Réécoutez en podcast l’édito de Jean-Baptiste Giraud dans le Grand Matin Sud Radio