Il y avait quelque chose d’assez intéressant à mettre en face du Président de la République, ce président monarque que nous a créé la constitution, deux journalistes dont le moins qu’on puisse dire est qu’au delà de leur compétence, il ne se prennent pas pour la queue d’une cerise.
L’exercice de l’interview présidentielle a toujours quelque chose de déséquilibré parce que le Président peut écraser les journalistes de la majesté de la fonction. Là, au moins, les deux intervieweurs ne se sentaient absolument pas impressionnés. Ils étaient au moins autant en vedette que le Président.
D’où un dialogue intéressant sur de très nombreux points, et des sujets qui ont été abordés alors qu’ils ne le sont jamais, comme cette question essentielle de l’évasion fiscale, et je reprends là le terme imposé par Jean-Jacques Bourdin contre la volonté d’Emmanuel Macron. Mais c’est le mérite du Président de s’être prêté à un jeu qui était en effet risqué.
Quelques points intéressants, mais sur lesquels les explications d’Emmanuel Macron ne suffisent pas : la Syrie ? Une action de la coalition internationale selon la légitimité internationale, nous dit-il. Ce qui signifie : en dehors de la légalité et menée par un groupe de pays contre les règles de la communauté internationale. L’évasion fiscale ? La France plaide pour une harmonisation fiscale en Europe, dit-il.
Traduction : les Pays-Bas, le Luxembourg et les autres continueront à agir comme ce qu’ils sont et que le président a eu tant de mal à nommer : des paradis fiscaux ? Le terrorisme ? Il faut surveiller les fichés S, nous dit-il. Conclusion, on attendra qu’ils agissent pour intervenir, au nom de cet état de droit dont on refuse d’utiliser toutes les dispositions.
Pour le reste, c’est l’inconvénient de l’exercice. On est tributaire des obsessions et des idées des journalistes vedettes. Edwy Plenel préfère passer de longues minutes à protester contre l’évacuation de la ZAD que de s’intéresser véritablement à l’agriculture, dont il n’a, une fois de plus, pas été question.
La politique industrielle, ce n’est pas non plus leur truc. Les traités de libre-échange, pas le temps. Et puis, ce ne sont pas Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin qui vont le mettre en difficulté sur la laïcité. C’est pour ça qu’en leur promettant de les retrouver l’an prochain, Emmanuel Macron a raison : il évite les surprises.
Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard