Ce genre d’exercice peut difficilement donner lieu à des révélations ébouriffantes. Là, le message était dans la forme, ce côté nouveau monde, je vais voir les Français, même ceux qui ne m’attendaient pas.
Lesquels Français, parce qu’ils sont très loin d’être stupides, ont commenté auprès des journalistes qui les interrogeaient que, s’il s’agissait de les faire passer pour des péquenots, ce n’était pas la peine qu’il vienne. Mais pour ce qui est de l’argumentaire, il a été déroulé impeccablement. Avec ce leïtmotiv : "Je mentirais si je disais…"
Lui, il nous dit la vérité, celle que ses prédécesseurs nous cachaient. Mais l’autre leïtmotiv, celui qui raconte vraiment Emmanuel Macron, et qui résume cet entretien puisqu’il l’a répété une bonne dizaine de fois, c’est cette délicieuse platitude : "Le monde bouge."
Ce qu’on a coutume de répéter dans les milieux politico-médiatiques, c’est que les gens ne s’intéressent qu’à leur cas particulier alors que la politique s’adresse au pays en général, et c’est ce qui rendrait la communication difficile : il faut les convaincre que les politiques menées vont leur faire du bien à eux.
Les retraités, les chômeurs, les cheminots, les éleveurs. Il y en avait un, juste avant l’interview, qui a interpellé le Président pour lui parler des traités de libre-échange. Il lui a répondu organisation des filières agricoles. Le but d’Emmanuel Macron, c’était d’expliquer la philosophie de ses réformes.
Et sa philosophie, c’est celle-là : "Le monde bouge." Alors il faut bouger avec lui. Il ne faut pas définir la société dans laquelle nous voulons vivre, il faut nous adapter. On est dans une logique darwinienne. Il y a un fait naturel, "le monde bouge", et les espèces tentent de survivre.
À aucun moment, on n’esquissera une réflexion sur les évolutions du monde, pour dire que nous n’acceptons pas la loi de la jungle, la dérégulation, la puissance des multinationales par dessus les États et les peuples. Ceux qui ne bougent pas sont des dinosaures, ils sont appelés à s’éteindre. Les anciens ouvriers doivent devenir startupeurs.
Il dit qu'il veut préparer le progrès des 50 prochaines années. Son idée, c’est d’être le de Gaulle de 1958. Celui qui réforme pour l’avenir. Sauf qu’en 1958, de Gaulle réforme mais ne s’attaque pas aux fondations, pour reprendre l’image du Président. Il le fait pour perpétuer ce qui fait la France. Parce qu’il estime qu’aucune règle économique ne prévaut sur la souveraineté du peuple français.
Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard