Emmanuel Macron a tout simplement lancé un défi aux nationalistes : "Vous voulez diriger l’île ? Chiche, prouvez-le ! Montrez que vous êtes capables de vous prendre en main et on verra pour la suite". Cette approche donne à la fois du grain à moudre à Jean-Guy Talamoni tout en montrant à tous les Corses que le patron de l’Assemblée de l’île n’a rien obtenu. On comprend évidemment et la colère et le geste de protestation des élus qui avaient décidé de boycotter le déjeuner républicain avec le Président, d’autant que la réunion de la veille avec Emmanuel Macron avait été assez rude. Mécontents de la tournure des discussions avec le chef de l’État, les élus nationalistes le font savoir ! Ils n’obtiennent pas la co-officialité de la langue corse. Une seule langue officielle, le français, a répété Macron, inflexible sur ce point. Pour sortir du conflit entre la Corse et la République, il a préféré parler du développement économique en s’adressant aux jeunes, de moins en moins nombreux d’ailleurs sur cette île…
De manière très étonnante, le sort des prisonniers corses est le grand non-dit de ce déplacement présidentiel. Pas un mot, comme s’il fallait dissocier la place de la Corse dans la République de ce dossier. On voit bien ce nouvel exercice d’équilibriste du président Macron. La main est fermée d’un côté, et tendue de l’autre pour que la Corse ait toute sa place dans la République.
Face aux revendications dures des nationalistes, il a aussi répondu par son sens de la provocation assez particulier : un discours ferme, et la présence de… Jean-Pierre Chevènement ! Le plus intransigeant des ministres de l’Intérieur vis-à-vis de la Corse était à ses côtés en première ligne. En Corse, malgré toutes les subtilités de langage, Macron leur a fait une leçon de verticalité et a donné sa vision : la Corse n’est pas un monde à part pour lui, c’est une île de la République, en Méditerranée.
Réécoutez en podcast l’édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio